« GRANMA. Les trombones de La Havane » du Rimini Protokoll – partie de béisbol entre deux générations et deux pays
Le Laboratorio Escenico Experimental Social (LEES) est une association qui stimule la création artistique cubaine grâce à des invitations à des artistes étrangers, des résidences, des rencontres ou encore des conférences. En février 2018, ses fondatrices recevaient Stefan Kaegi dans les murs de la Casona Teatral Vincente Revuelta, pour un atelier au cours duquel l’artiste suisse présentait les principes du collectif berlinois Rimini Protokoll, aujourd’hui internationalement reconnu. Depuis ses débuts en 2000, le collectif a été initiateur d’un théâtre documentaire – particulièrement prisé par le théâtre contemporain – fondé sur un travail de terrain et la collaboration avec des « experts du quotidien », des individus non-acteurs qui montent sur scène et mettent en perspective l’Histoire avec leur vie intime. Ce mode de création implique un long temps de collecte et une pénétration profonde dans la vie des individus, mais il nécessite également l’élaboration d’une dramaturgie précise, pour que toute cette matière devienne spectacle. Au moment de la rencontre évoquée, le Rimini Protokoll avait déjà commencé une vaste « investigation théâtrale » sur Cuba. Trois ans et demi plus tard, le résultat de cette enquête, intitulé GRANMA. Les Trombones de La Havane, est présenté à la Commune d’Aubervilliers dans le cadre du Festival d’Automne. L’œuvre conçue immerge de manière fascinante dans l’histoire et dans la réalité cubaine d’aujourd’hui, à travers les récits de quatre jeunes.« The Hidden Force » d’Ivo van Hove à la Villette – dissolution des frontières
Dans le cadre du Festival 100% qu’organise la Villette, qui réunit plusieurs disciplines, sont invités les metteurs en scène belges Jan Lauwers et Ivo van Hove. Ce dernier présente un autre volet de sa trilogie autour des œuvres de Louis Couperus, auteur néerlandais méconnu au-delà des frontières de son pays : après Les Choses qui passent, présenté à Avignon l’année dernière, le public français découvre désormais The Hidden Force. Pour ce spectacle, Ivo Van Hove s’inspire d’un roman qui porte sur l’histoire coloniale des Pays-Bas, centré sur la figure du Résident. Comme le Consul de Malcolm Lowry dans Au-dessous du volcan, ou le directeur de comptoir Kurtz d’Au cœur des ténèbresde Conrad, ce personnage incarne le choc de deux civilisations et la nécessaire dissolution de l’une dans l’autre – mais pas celle que l’on croit. Pour figurer les contradictions d’Otto van Oudjick, Ivo van Hove entraîne au cœur de la jungle indonésienne, où se déchaînent les éléments et s’évanouissent les repères.« Misterios y pequeñas piezas » de Carlos Celdrán – récit de (dé-)formation
Dans Misterios y pequeñas piezas, Carlos Celdrán passe une nouvelle fois sa vie au tamis du théâtre. Après le roman des origines, qui reconstituait la triade père-mère-fils et partant ainsi du plus intime atteignait le cœur de problématiques politiques dans Diez millones, le metteur en scène se penche cette fois sur sa formation et se demande comment apprendre d’un maître et comment s’en affranchir pour s’affirmer comme artiste à son tour. Ce récit s’élabore cette fois encore entre la table et le plateau, et travaille à innerver le vécu de fiction pour le rétablir de la distance et le rendre partageable.« Crowd » de Gisèle Vienne aux Amandiers – hallucination perceptive sur musique électro
Après les airs de variété italienne et les derniers tubes de Rihana, c’est au son de la musique électronique que vibrent les Amandiers de Nanterre. Vincent Macaigne a en effet laissé la place à Gisèle Vienne, qui présente dans le cadre du Festival d’Automne sa dernière œuvre, Crowd. L’artiste franco-autrichienne, qui pratique aussi bien l’art des marionnettes, le théâtre ou la danse, propose cette fois un spectacle chorégraphique, dans lequel elle revisite les codes de la rave-party. Portant sur la pratique un regard presque scientifique, elle donne à voir un groupe de jeunes réunis par la musique électro. Décomposant l’événement, elle étudie les comportements auxquels il donne lieu, les rapports des individus à l’espace, les distances et rapprochements qui unissent les corps, les mouvements. Le résultat est une œuvre hallucinatoire, qui saisit la perception, amène à tisser de multiples histoires, et ouvre ainsi des espaces d’investissements singuliers dans cette pratique pourtant caractérisée par sa dimension communautaire.« LENZ » de Cornelia Rainer dans la Cour du Lycée Saint-Joseph – sans transcendance
Avignon 2016, beaucoup de pièces dites « d’après » entre Les Damnés d’après Visconti, Karamazov d’après Dostoïevski, 6 a.m.… d’après Hölderlin, 2066 d’après Bolaño, Les Âmes mortes d’après Gogol… Pour ce qui est de LENZ, mis en scène par Cornelia Rainer et présenté dans la Cour du Lycée Saint-Joseph, la mention est plurielle : d’après Lenz, Büchner et Oberlin.…
« Le Voile de la Reine Mab » de Ruben Dario
La reine Mab, dans son char fait d’une seule perle, tiré par quatre coléoptères aux plastrons dorés et aux ailes de pierreries, chevauchant un rayon de soleil, se glissa par la fenêtre d’une mansarde où se trouvaient quatre hommes maigres, barbus et impertinents, en train de se lamenter comme de pauvres malheureux.…
« Les Carnets de la maison morte » de Dostoïevski [extrait] – le théâtre des bagnards
Avant le lever du rideau, la salle présentait un spectacle étrange et animé. D’abord, la masse des spectateurs, écrasés, bousculés, pressés de tous côtés, le visage patient et bienheureux, attendant le début de la représentation. Dans les derniers rangs, des gens qui se démenaient les uns derrière les autres.…
« Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke » d’Anne Teresa de Keersmaeker au T2G : ∅
Anne Teresa de Keersmaeker revient cette année au Festival d’Automne avec un spectacle inspiré d’un court texte du jeune poète Rilke, Le chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke. Le spectacle était présenté au Théâtre de Gennevilliers pour quatre dates seulement, courues par les amateurs du travail de l’artiste.…
« Encyclopédie de la parole – Suite n°2 » de Joris Lacoste au T2G : à l’écoute de la musique du monde
Avec Encyclopédie de la parole – Suite n°2, Joris Lacoste propose une nouvelle expérience artistique, au sens où l’entend John Dewey, dont la pensée est brandie comme étendard du T2G par Pascal Rambert, qui dirige les lieux depuis 8 ans maintenant.…