Étiquette : perception

« La Disparition du paysage » d’Aurélien Bory aux Bouffes du Nord – rencontre de deux artistes hypersensibles

Les Bouffes du Nord offrent un cadre somptueux à la rencontre de deux artistes ultra-sensibles : l’auteur Jean-Philippe Toussaint et le metteur en scène Aurélien Bory. Cette rencontre s’est faite par l’entremise de Denis Podalydès, acteur à qui l’auteur a remis son dernier texte, La Disparition du paysage, un texte non pas écrit pour la scène, mais qu’il souhaitait que l’acteur fasse entendre sur une scène. Grâce à Aurélien Bory, créateur d’images et de sons qui occupe une place singulière dans le paysage scénique actuel, le spectacle ne prend pas la forme d’une simple lecture théâtralisée du texte. Il offre une expérience sur le fil qui déploie la sensibilité et en découvre des strates insoupçonnées – ceci malgré le jeu de l’acteur qui paraît un peu trop cabotin dans cet univers à fleur de peau.
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« La Montagne magique » de Thomas Mann [extrait] – nouveauté, habitude et perceptions du temps

C’est au fond une aventure singulière que cette acclimatation à un lieu étranger, que cette adaptation et cette transformation parfois pénible que l’on subit en quelque sorte pour elle-même, et avec l’intention arrêtée d’y renoncer dès qu’elle sera achevée, et de revenir à notre état antérieur. On insère ces sortes d’expériences, comme une interruption, comme un intermède, dans le cours principal de la vie, et cela dans un but de « délassement », c’est-à-dire afin de changer et de renouveler le fonctionnement de l’organisme qui courait le risque et qui était déjà en train de se gâter, dans le train-train inarticulé de l’existence, de s’y fatiguer et de s’y énerver.
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« Le Bain » de Gaëlle Bourges au T2G – ecphrasis théâtrale

Après la figure de Vénus, après la tapisserie de La Dame à la licorne, après les grottes de Lascaux, Gaëlle Bourges explore avec les moyens de la scène de nouvelles œuvres appartenant à l’Histoire de l’art : Diane au bain de l’Ecole de Fontainebleau, et Suzanne au bain, du Tintoret. Pour ce diptyque qu’elle nomme Le Bain, l’artiste change d’échelle et passe de celle humaine des corps à celles de poupées. Alors que sa pratique, qui mêle théâtre, peinture, danse et musique, est déjà caractérisée par la transdisciplinarité, son spectacle se nourrit cette fois en plus de l’art des marionnettes. Elle crée ainsi un objet hybride, qui conjugue les corps dans l’espace et les actions dans le temps, ou la poésie et l’image, que Lessing avait soin de distinguer dans son essai d’esthétique Le Laocoon (1766).
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« Crowd » de Gisèle Vienne aux Amandiers – hallucination perceptive sur musique électro

Après les airs de variété italienne et les derniers tubes de Rihana, c’est au son de la musique électronique que vibrent les Amandiers de Nanterre. Vincent Macaigne a en effet laissé la place à Gisèle Vienne, qui présente dans le cadre du Festival d’Automne sa dernière œuvre, Crowd. L’artiste franco-autrichienne, qui pratique aussi bien l’art des marionnettes, le théâtre ou la danse, propose cette fois un spectacle chorégraphique, dans lequel elle revisite les codes de la rave-party. Portant sur la pratique un regard presque scientifique, elle donne à voir un groupe de jeunes réunis par la musique électro. Décomposant l’événement, elle étudie les comportements auxquels il donne lieu, les rapports des individus à l’espace, les distances et rapprochements qui unissent les corps, les mouvements. Le résultat est une œuvre hallucinatoire, qui saisit la perception, amène à tisser de multiples histoires, et ouvre ainsi des espaces d’investissements singuliers dans cette pratique pourtant caractérisée par sa dimension communautaire.
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« Au-dessous du volcan » de Malcolm Lowry – roman ivre d’une descente aux enfers

Au-dessous du volcan appartient à la famille des grands romans du XXe siècle. Il a l’échelle de l’Ulysse de Joyce, il se situe dans la veine des romans de Conrad, il porte le souvenir de Moby Dick, il partage le goût d’un exotisme crypté avec Paradiso de Lezama Lima et rejoint par de nombreux aspects la Recherche de Proust… C’est l’œuvre d’un auteur anglais à la vie romanesque, tendue entre l’alcool, la littérature, l’amour et les voyages – une vie qui devient matière vive du roman, composé pendant des années, entre 26 ans et la fin de la trentaine, commencé en 1936 et publié en 1947.…

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« Rouge décanté » d’après Jeroen Brouwers à la Bastille : nouveau choc esthétique et émotionnel signé Cassiers

Après plus de dix ans de tournée et de reprises régulières, Guy Cassiers présente enfin son Rouge décanté à Paris. Les retrouvailles avec le metteur en scène ont lieu au Théâtre de la Bastille, où le même acteur depuis la création du spectacle reprend le rôle qu’il est capable d’interpréter en plusieurs langues.…

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« Gala » de Jérôme Bel aux Amandiers : spectacle de début d’année

L’été terminé, la saison théâtrale reprend et l’on passe du Festival d’Avignon au Festival d’Automne, d’une saison à l’autre et d’une programmation à l’autre, de la frénésie des trois semaines à la dilution des trois mois, qui brassent nécessairement plus d’artistes, plus de spectacles, plus de variété dans les formes et plus de spectateurs.…

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« Les Oiseaux » de Tarjei Vesaas

Le roman de Tarjei Vesaas, Les Oiseaux, relate un été de la vie d’un jeune homme, Mattis, personnage profondément attachant qui appartient à la catégorie des idiots de la littérature. Divisée en trois parties, l’œuvre érige au rang d’événement les micro-anecdotes qui bouleversent l’âme de celui que l’on surnomme « la Houppette ».…

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