Étiquette : voix

« L’Étang » de Robert Walser mis en scène par Gisèle Vienne à Points communs – adaptation ventriloque

L’Étang de Gisèle Vienne est de ces spectacles qui entretiennent un désir particulier avant leur découverte, à force d’être programmé, annulé, reporté – d’abord à cause du décès d’une actrice, Kerstin Daley, puis à cause du covid. Le spectacle est en outre chaque fois présenté pour quelques dates seulement aussitôt prises d’assaut, ce qu’explique entre autres la présence d’Adèle Haenel sur scène. La tournée touchait à son terme – pour cette saison du moins – à Pontoise, où s’est réuni un public nombreux. Comme espéré, L’Étang s’inscrit dans le sillage des précédentes créations de Gisèle Vienne, Jerk, This Is How You Will Disappear, The Ventriloquist Convention ou Crowd. L’artiste intègre cependant une nouvelle donnée à son geste artistique : un texte de Robert Walser, adapté à plusieurs mains. Le spectacle ne prend pas pour autant la forme d’une adaptation ; la relation au texte mise en place est plutôt de l’ordre de l’ingurgitation. Le travail mené sur les conditions d’appréhension du plateau impose une perception intra-utérine du texte qui produit une nouvelle expérience singulière – mais peut-être moins convaincante que les précédentes.
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« Lettres non-écrites » de David Geselson et « Choeur des amants » de Tiago Rodrigues à l’Espace 1789 – un petit supplément d’art

L’Espace 1789 à Saint-Ouen a proposé deux soirées en une ces derniers jours, avec Lettres non écrites de David Geselson et Chœur des amants de Tiago Rodrigues. Ces deux spectacles ont d’abord pour point commun David Geselson, concepteur, auteur et lecteur dans le premier spectacle, et acteur dans le second. De manière plus profonde, ces deux œuvres s’intéressent à des vies ordinaires, non pas celles qui font l’objet de tragédies, mais celles dont les joies et les malheurs plus modestes les apparentent aux nôtres. Le défi consiste dans les deux cas à les mettre en mots et en jeu pour qu’elles deviennent théâtre.
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« Chavirer » de Lola Lafon – écriture scalpel pour décortiquer les mécanismes de l’emprise et du silence

Paru en août 2020 aux Éditions Actes Sud, le dernier roman de Lola Lafon, Chavirer, a depuis été plusieurs fois nominé pour des prix littéraires et récompensé par celui de France Culture-Télérama, décerné par des étudiants. Des étudiants qui ont très certainement perçu la nécessité de faire connaître cette œuvre à leur génération, ainsi qu’à celles à venir. Par fragments et éclats, ce roman tourne autour d’adolescences brisées par des silences enfouis et des hontes persistantes. Quoiqu’indissociable du mouvement #MeToo, Chavirer est une œuvre de fiction avant d’être une œuvre militante, une œuvre composée de personnages attachants, dont la lecture est animée par un désir d’en tourner les pages au plus vite, et caractérisée par une écriture qui décrit avec beaucoup de délicatesse des mécanismes d’emprise sournois et des émotions puissantes jamais explicitement exprimées.
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« Tandis que j’agonise » de William Faulkner – Requiem pour une mère

En avril 1934, paraît en France la traduction de As I Lay Dying, de l’Américain William Faulkner. Le roman est préfacé par Valéry Larbaud, lecteur d’Edouard Dujardin et de James Joyce qui a le premier employé l’expression « monologue intérieur » pour qualifier la technique singulière de ces auteurs, qui déplace la perspective du lecteur en révélant l’intériorité des personnages. Le rôle d’introduire cette œuvre lui revient logiquement, car Tandis que j’agonise est uniquement composé des monologues entrecroisés des membres d’une famille et de leur entourage, autour du corps d’une mère mourante.
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« L’Amant » de Duras au Café Pas si loin – l’art de cultiver la rêverie

A Pantin, derrière le périphérique, dans un café situé au cœur d’un carrefour, une actrice dit certains soirs de ce mois de juillet des pages de L’Amant de Marguerite Duras. Le lieu est un café associatif, où sont proposés des cours de yoga, des concerts, des cafés-philo, des ateliers et autres. Il convient parfaitement au « distributeur de poésie et de lumière » qu’est Yves-Noël Genod, qui, toujours, avec ses micro-spectacles éphémères présentés dans des appartements ou des scènes de fortune, se maintient à la marge. A la marge des grandes institutions, des grandes productions, des grandes scènes, des grandes jauges, des grands débats. Une fois de plus, il entraîne ses fidèles dans la zone indécise d’un théâtre ni public ni privé, de la qualité du public et de la simplicité soulageante que peut avoir le privé, et recrute de nouveaux adeptes, de création en création.
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« Otelo » d’après Shakespeare par le Grupo ViajeinMóvil : adaptation pour deux comédiens et trois mannequins

Dans le cadre du Mayo Teatral qui anime La Havane et d’autres villes de Cuba, la compagnie ViajeinMóvil vient du Chili avec un spectacle créé en 2012, Otelo. S’inspirant du drame de Shakespeare et le relisant à la lumière des codes culturels d’aujourd’hui et des questions sociales qui le préoccupe, le Grupo, suivant sa pratique déjà éprouvée avec plusieurs spectacles, en propose une adaptation pour deux comédiens et trois mannequins.…

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Première lecture d’En miettes, ou de la page à la table

Un lundi ensoleillé de fin novembre, le rendez-vous était donné à la Cartoucherie de Vincennes, et plus précisément au Théâtre de la Tempête, pour une lecture collective d’En miettes. Pour la première fois, toutes les personnes liées à ce projet se sont réunies, retrouvées ou rencontrées.…

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« The Ventriloquists Convention » de Gisèle Vienne aux Amandiers : l’étrangeté de l’étranger en soi

Quelques mois après This Is How You Will Disappear, Gisèle Vienne, artiste associée au Théâtre Nanterre-Amandiers depuis presque un an, y présente cette fois The Ventriloquists Convention dans le cadre du Festival d’Automne. Point de forêt ni de brume inquiétante dans ce spectacle, dont le texte est signé par Dennis Cooper, son acolyte depuis onze ans, mais tout de même de multiples formes d’étrangetés et de troubles produites par la présence sur scène de marionnettes – qui inscrit le spectacle dans la lignée de Jerk – mais aussi de ventriloques.…

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