« La Réponse des hommes » de Tiphaine Raffier aux Amandiers – « Nous sommes désolés »
Après de multiples rebondissements dus au covid, Tiphaine Raffier présente enfin sa dernière création en région parisienne, au Théâtre Nanterre-Amandiers, en coréalisation avec le Théâtre de l’Odéon. Le titre est aussi mystérieux qu’attirant : « la réponse des hommes ». Réponse à quelle question ? En réalité, il n’y en pas une, clairement formulée, mais d’innombrables, à de multiples échelles, dont le dénominateur commun est la miséricorde, définie comme la compassion pour la misère d’autrui, la générosité qui entraîne le pardon, et qui est aussi le nom donné à la bonté infinie de Dieu dans la tradition judéo-chrétienne. Un titre aux consonances bibliques pour un spectacle au thème biblique sous-titré : « Variations autour de neuf œuvres de miséricorde ». Depuis Adam et Ève, on sait que l’homme n’est pas à la hauteur des ambitions que Dieu a pour lui. Sans suspens, les réponses des hommes, incapables d’être bons, ni même miséricordieux, sont dramatiquement décevantes. Mais plus que cette conclusion qui n’est pas surprenante, ce spectacle donne à voir un monde apocalyptique – le nôtre – dans lequel les sirènes sonnent sans relâche, sans que les humains paraissent réagir.« Sauver le moment » de Nicolas Bouchaud – l’envers de la brillance
La collection « Le temps du théâtre » d’Actes Sud ouvre des espaces privilégiés de parole aux metteurs en scène, aux acteurs, aux chercheurs et aux critiques qui s’efforcent de penser le théâtre, sous forme d’essais, d’entretiens, mais aussi de journaux de répétitions ou de formes plus hybrides. C’est dans ce cadre que Nicolas Bouchaud a fait paraître Sauver le moment, un recueil de souvenirs, de fragments d’une vaste mémoire d’acteur dont la carrière a commencé dans les années 1990. Son œuvre offre une perspective rare sur l’histoire du théâtre, cette histoire complexe à écrire, qui, plus que d’autres, nécessite de croiser de nombreux paramètres et de prendre en compte des points de vue subjectifs, de s’appuyer sur de nombreux témoignage pour rendre compte de ce qui a été, dont l’essentiel n’est plus. La perspective d’un être qui se situe sur le plateau, capable d’en dévoiler les coulisses, et de relater tout ce dont le théâtre est fait, au-delà du spectacle : les répétitions, les tournées, les soirées, les lectures… Plus particulièrement encore, la perspective d’un acteur singulier, qui révèle l’envers de la brillance qui le caractérise.« Paris est une fête » d’Hemingway – hymne à la ville
Près de quarante ans plus tard, Hemingway prend la plume et revient sur ses années de jeunesse à Paris, vers 1920, lorsqu’il y séjournait avec sa première femme, Hadley Richardson. De ses souvenirs, il compose des vignettes de la vie parisienne qui saisissent toute une époque, tout un univers de stimulation artistique, et tout un décor qui lui est resté cher : Paris.…
« Fin de l’histoire » d’après Witold Gombrowicz à la Colline : monceaux d’histoires et d’Histoire
Trois ans après Nouveau Roman, Christophe Honoré revient à la Colline pour présenter Fin de l’histoire. Des écritures de Duras, Simon, Sarraute, Mauriac, Butor ou Robbe-Grillet, il passe à la pensée de Gombrowicz, sans autre transition que celle du temps et de tout ce qui le transforme en durée.…
« Roses » : variations scéniques d’après Shakespeare à la Bastille
Au Théâtre de la Bastille, la nouvelle année commence avec un spectacle de Nathalie Béasse, qui offre une très libre adaptation d’une des pièces les plus célèbres de Shakespeare, Richard III. Sans l’aborder comme un monument mais en faisant plutôt le choix de la manipuler comme un matériau, comme un objet à retourner dans tous les sens, la compagnie assume une posture humble et décomplexée face au texte, donnant à voir à partir de lui des propositions scéniques fulgurantes plutôt que le drame du tyran.…
« Fragments » de Samuel Beckett aux Bouffes du Nord – 7 janvier 2015
Sept ans plus tard, Peter Brook et Marie-Hélène Estienne présentent à nouveau Fragments aux Bouffes du Nord. Néanmoins les deux artistes prétendent que l’on ne reprend pas un spectacle, qu’on le refait, et l’abordent ainsi comme une création, bien que les éléments soient les mêmes qu’en 2008.…
« Le Livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa [fragments]
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20 juillet 1930
Lorsque je dors de nombreux rêves, je sors dans la rue, les yeux grands ouverts, mais voguant encore dans leur sillage et leur assurance. Et je suis stupéfié de mon automatisme, qui fait que les autres m’ignorent.…
« Le Livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa
Le Livre de l’intranquillité est l’unique œuvre en prose du poète portugais Fernando Pessoa. Posthume, elle est constituée de centaines de fragments non organisés les uns par rapport aux autres, écrits entre 1913 et 1935. Cette œuvre, immense, insaisissable, s’apparente à un journal intime entièrement consacré à l’exploration de la sensation.…