« Traviata. Vous méritez un avenir meilleur » mis en scène par Benjamin Lazar aux Bouffes du Nord – fête galante crépusculaire
Aux Bouffes du Nord, la saison théâtrale est inaugurée avec un spectacle qui y a été créé en 2016 : Traviata. Vous méritez un avenir meilleur, conçu par Benjamin Lazar, Florent Hubert et Judith Chemla. La suppression de l’article et l’ajout d’un sous-titre annoncent d’emblée une adaptation du célèbre opéra de Verdi, par ces trois artistes. Le premier signe la mise en scène, le second, l’arrangement de la musique, et la troisième tient le rôle principal de Violetta. Entourés d’une équipe de chanteurs-musiciens-acteurs, d’une polyvalence extraordinaire, tous trois enrichissent le drame de Dumas fils de quantité de nuances grâce au théâtre et grâce à l’humour.« Iliade » et « Odyssée » de Pauline Bayle au Théâtre Public de Montreuil – adapter Homère sans représenter l’épopée
La nouvelle saison du Théâtre Public de Montreuil est inaugurée avec un diptyque de la metteuse en scène Pauline Bayle récemment nommée directrice du lieu, Iliade et Odyssée. Le premier volet a été créé en 2015 au Théâtre de Belleville, puis présenté au Off d’Avignon. Le deuxième, produit par la MC2 Grenoble, date de 2017. Le diptyque constitué a reçu en 2018 le Prix Jean-Jacques-Lerrant de la révélation théâtrale, décerné par le Syndicat de la Critique. Depuis, la metteuse en scène a créé Chanson douce au Studio de la Comédie-Française, Illusions perdues d’après Balzac, et Les Suppliantes d’après Eschyle, dans le cadre du projet « Adolescence et territoire(s) ». Pour entamer son mandat de directrice, Pauline Bayle revient à ces deux spectacles qui l’ont propulsée dans le paysage théâtral et le pose comme geste fondateur de sa pratique, caractérisée par l’adaptation de textes épiques ou romanesques.« Lettres non-écrites » de David Geselson et « Choeur des amants » de Tiago Rodrigues à l’Espace 1789 – un petit supplément d’art
L’Espace 1789 à Saint-Ouen a proposé deux soirées en une ces derniers jours, avec Lettres non écrites de David Geselson et Chœur des amants de Tiago Rodrigues. Ces deux spectacles ont d’abord pour point commun David Geselson, concepteur, auteur et lecteur dans le premier spectacle, et acteur dans le second. De manière plus profonde, ces deux œuvres s’intéressent à des vies ordinaires, non pas celles qui font l’objet de tragédies, mais celles dont les joies et les malheurs plus modestes les apparentent aux nôtres. Le défi consiste dans les deux cas à les mettre en mots et en jeu pour qu’elles deviennent théâtre.« D’où rayonne la nuit » de Yoann Gasioroswki au Studio-Théâtre de la Comédie-Française – divertissement érudit
Dans le cadre de l’année Molière multiplement célébrée, Éric Ruf, administrateur de la Comédie-Française, a demandé à l’un de ses pensionnaires, Yoann Gasiorowski, de créer un spectacle sur Molière et Lully. Une commande adressée à un acteur qui est aussi musicien, impliqué dans tous les spectacles de la Comédie-Française qui mêlent théâtre et musique ces derniers temps, pour penser les relations et créations communes de ces deux artistes qui ont contribué au rayonnement de Versailles. Le sous-titre du spectacle en dit plus que le titre emprunté à un vers d’Hugo : « Molière-Lully. Impromptu musical ». Par ce terme d'« impromptu", le metteur en scène annonce qu'il expose sa démarche en même temps qu’il la déploie et demande aux acteurs d’être tout autant eux-mêmes que Molière, Lully, Armande et Madeleine Béjart, La Grange ou d’autres. Un spectacle érudit et plaisant qui prend la forme d’un divertissement, au sens musical du terme.« Nous, l’Europe, Banquet des peuples » de Laurent Gaudé et Roland Auzet – construire un récit européen, avec les Beatles
L’une des créations les plus attendues de ce Festival d’Avignon 2019 est Nous, l’Europe, Banquet des Nations, spectacle présenté dans la Cour du Lycée Saint-Joseph. Alors que dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes Rambert, ses acteurs et Jacques Weber soulevaient la question du nationalisme à travers le portrait d’une famille d’artistes de la veille de la Première Guerre mondiale à celle de la Seconde, Laurent Gaudé et Roland Auzet choisissent de traiter la même problématique à l’échelle européenne et non intime, avec des comédiens de toute nationalités. Ces spectacles sont comme l’envers l’un de l’autre, leurs défauts et leurs qualités paraissant symétriquement opposés si l’on en croit les retours qui ont entouré l’accueil d’Architecture. Alors que la dernière œuvre de Rambert est taxée d’être bavarde mais que le jeu de ses acteurs est chaque fois loué, la langue de Gaudé se distingue à nouveau par sa beauté et sa justesse, au point presque de menacer toute possibilité de jeu pour les acteurs.« Espæce » d’Aurélien Bory à l’Opéra Grand Avignon – sensibilité à fleur de peau
Le Festival d’Avignon ne propose pas que du théâtre, même si c’est bien à ça qu’il est associé. Outre la danse, la musique ou les arts plastiques, une catégorie a été créée pour accueillir toutes les formes hybrides et inclassables : « indiscipline ».…
Sujets à vif, Programme B : « Rave » et « Est » dans le jardin du Lycée Saint-Joseph – Deux en un, le duel dans l’un
En marge des grandes créations attendues dans le cadre du Festival d’Avignon – Lupa, Ostermeier, Serebrennikov, mais pas seulement – on trouve d’autres objets, mineurs par leur format, mais tout aussi courus par les spectateurs. Ce sont les Sujets à vifs, « rencontres imprévues au Jardin de la Vierge entre interprétations et écritures », placés sous le signe du double.…
« Place du marché 76 » de Jan Lauwers au T2G
Après Jan Fabre et son fameux spectacle Le Pouvoir des folies théâtrales, créé en 1984 et recréé en 2012, le T2G accueille un autre Flamand, Jan Lauwers, qui présente avec la Needcompany Place du marché 76, joué pour la première fois en France lors du Festival d’Avignon 2013.…
« Exhibit B » de Brett Bailey au 104 :
« vous ne pourrez pas revenir en arrière »
Après avoir tourné en Europe, l’installation de Brett Bailey, Exhibit B, est arrivée à Paris fin novembre, d’abord au Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis, puis au 104 dans le 19ème arrondissement. Impossible de se rendre là-bas sans être averti de la polémique soulevée par cette œuvre, qui a été remise en cause, qui a failli être annulée grâce à une pétition, et qui a déclenché de violentes protestations.…