« Du roman adapté au roman inadaptable : Dostoïevski sur la scène théâtrale française moderne et contemporaine » : fin de la thèse

Dostoïevski est l’auteur le plus adapté sur la scène française moderne et contemporaine, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Dès le moment de la découverte de ses œuvres en France, ses romans attirent le théâtre, qui en livre des adaptations. Tout au long du XXe siècle, les termes de cette appropriation de la littérature par la scène changent – selon l’évolution de la réception des œuvres de Dostoïevski en France, selon les grandes mutations que connaît l’art théâtral pendant cette période, et selon le renouvellement constant de la pratique de l’adaptation. La prise en compte de ces multiples paramètres révèle le pouvoir magnétique que les romans de Dostoïevski exercent sur le théâtre : ils l’attirent autant qu’ils lui résistent.

Pour sonder cette ambivalence, comprendre ce qui relève chaque fois différemment de l’adaptable et de l’inadaptable d’une adaptation à l’autre, et pour retracer l’histoire extrêmement riche de la présence des romans de Dostoïevski à la scène, nous avons procédé à l’étude de cinq adaptations : celles de Jacques Copeau (Les Frères Karamazov, 1911), d’Albert Camus (Les Possédés, 1959), de Krystian Lupa (Bracia Karamazow, 1999), de Frank Castorf (Dämonen, 1999) et de Vincent Macaigne (Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer, 2014). La réinscription de ces spectacles dans le contexte précis dans lequel ils voient le jour invite à considérer chacun d’entre eux comme un manifeste – un manifeste conçu à partir de la littérature, grâce à laquelle ces metteurs en scène expriment l’ambition de rénover le théâtre, de le déplacer et de rénover le jeu d’acteur grâce aux personnages dostoïevskiens.

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