Distributions de rêve – « Les Démons »
Au terme de six années à travailler sur les adaptations des romans de Dostoïevski au théâtre, se prendre à rêver la distribution idéale des Démons à partir de toutes celles qu'ont inspiré cette œuvre depuis le début du XXe siècle, d'Albert Camus à Sylvain Creuzevault, de Frank Castorf à Guy Cassiers - avec l'espoir que de nouvelles adaptations viennent combler les manques.« Les Frères Karamazov » de Sylvain Creuzevault au Théâtre de l’Odéon – l’allégresse de Dostoïevski sur scène
Tandis que Guy Cassiers présente en ce moment son adaptation des Démons avec la troupe de la Comédie-Française, Sylvain Creuzevault adapte Les Frères Karamazov, un an après la date de sa programmation initiale. L’automne théâtral 2021 aura donc été dostoïevskien, alors que s’achève l’année du bicentenaire de la naissance de l’auteur. Le metteur en scène flamand et le français, tous deux grands adaptateurs de romans à la scène, ont cependant opté pour des principes très différents pour se mesurer à ces œuvres. La première chose qui distingue leurs démarches est même avant cela que c’est sur invitation que Cassiers en est enfin venu à s’intéresser à Dostoïevski, alors que Creuzevault poursuit avec ce spectacle un compagnonnage initié en 2018 avec Les Démons, et poursuivi en 2019 par L’Adolescent et en 2020 par Le Grand Inquisiteur. Comme l’Allemand Frank Castorf, le metteur en scène français revient de manière obsessionnelle à Dostoïevski, mais il se déplace avec lui, d’une œuvre à l’autre – à moins que ce soient les confinements et couvre-feux successifs qui aient fait mûrir son spectacle, qui lui aient donné un air beaucoup plus sage que son Grand Inquisiteur, aussi foutraque que pointu philosophiquement (et dans cette mesure peut-être un peu plus dostoïevskien). Toujours est-il que Creuzevault atteint ici un point d’équilibre extraordinaire entre une lisibilité alliée à une immédiateté théâtrale séduisantes, et une densité, une profondeur, une exigence intellectuelle, une finesse de lecture proprement jubilatoires.« Du roman adapté au roman inadaptable : Dostoïevski sur la scène théâtrale française moderne et contemporaine » : fin de la thèse
Dostoïevski est l’auteur le plus adapté sur la scène française moderne et contemporaine, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Dès le moment de la découverte de ses œuvres en France, ses romans attirent le théâtre, qui en livre des adaptations. Tout au long du XXe siècle, les termes de cette appropriation de la littérature par la scène changent – selon l’évolution de la réception des œuvres de Dostoïevski en France, selon les grandes mutations que connaît l’art théâtral pendant cette période, et selon le renouvellement constant de la pratique de l’adaptation. La prise en compte de ces multiples paramètres révèle le pouvoir magnétique que les romans de Dostoïevski exercent sur le théâtre : ils l’attirent autant qu’ils lui résistent.« Bajazet, en considérant le Théâtre et la peste » de Castorf à la MC93 – parcelles brillantes d’humanité au coeur du chaos
Alors que le corpus qu’il avait constitué au fil des ans le tenait à distance de la littérature française, l’Allemand Frank Castorf s’intéresse à Racine en cette fin d’année, après le Don Juan de Molière en 2018. Parmi ses pièces, il choisit Bazajet, tragédie de l’amour et du pouvoir, mais surtout tragédie de l’Orient, du sérail, des sultans et des esclaves. Contrairement à ses habitudes, Castorf précise néanmoins le titre de son spectacle : Bazajet, en considérant le Théâtre et la peste. Il annonce ainsi d’emblée lire Racine à la lumière d’Artaud – ou l’inverse. L’indication annonce également de manière plus implicite que le metteur en scène fait preuve dans ce spectacle d’une conscience aigüe de son art, qui le rend pleinement maître de ses moyens.Projet de thèse : « Du roman adapté au roman inadaptable : l’adaptation théâtrale des romans de Dostoïevski de Jacques Copeau à Vincent Macaigne (1911-2014) »
Projet de thèse, menée sous la codirection d’Anne-Françoise Benhamou (ENS)
et Sophie Lucet (Paris-Diderot)
Du roman adapté au roman inadaptable :
l’adaptation théâtrale des romans de Dostoïevski
de Jacques Copeau à Vincent Macaigne (1911-2014)…
« La Dame aux camélias » de Frank Castorf à l’Odéon
Il est probable que beaucoup de spectateurs se rendent ces jours-ci à l’Odéon dans l’espoir de voir une adaptation théâtrale du célèbre roman de Dumas fils, La Dame aux camélias. Il faut un instant mettre de côté son enthousiasme et lire les petites lignes : « à partir du roman d’Alexandre Dumas fils, de La Mission de Heiner Müller et de Histoire de l’œil de Georges Bataille ».…