Étiquette : rire

« Mausolée » de Louise Chennevière [extrait] – tombeau de mots pour l’amour

Mausolée. Tu as ramassé sur le sol les feuilles par nos corps éparpillées. Je t'ai regardé faire en tirant lentement sur cette cigarette que tu venais de rouler, tes cigarettes épaisses, sans filtre, qui m'avaient toujours un peu brûlé, la gorge, les yeux, mais que j'aimais tant fumer, juste après. Je t'ai regardé les reposer soigneusement sur le bureau, une à une, dans l'ordre, hypnotisée par cette vision. Fascinée et inquiète, d'être soudain, démasquée.
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« Hamlet » de Gérard Watkins à la Comédie de Caen – comédie burlesque

La nouvelle saison de la Comédie de Caen est inaugurée avec une mise en scène d’Hamlet de Gérard Watkins, un an après la reprise du Richard III de Mathias Langhoff par Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo qui officie une dernière année en tant que directeur du lieu. Pour la première fois avec ce spectacle, Gérard Watkins s’attaque à une œuvre du répertoire. Auparavant en effet, il ne mettait en scène que des textes qu’il écrivait lui-même. Pour s’approprier la pièce et ne pas en être que metteur en scène, il procède cependant à sa traduction, une traduction contemporaine et personnelle, redoublée par une scénographie qui transplante la tragédie de Shakespeare dans le Londres des années 60, au moment de la naissance de la contre-culture rock. La réappropriation à laquelle procède Watkins est telle qu’il fait de la pièce une comédie burlesque, dont la seule qualité est d’offrir de belles partitions à ses actrices et acteurs – dont il fait partie.
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Jean Genet au sujet des « Frères Karamazov » – l’allégresse de Dostoïevski

Les chefs-d’œuvre artistiques ou poétiques sont la plus haute forme de  l’esprit humain, son expression la plus convaincante : voilà un lieu commun qu’on se doit de conserver sous le titre de vérité éternelle. Qu’ils soient la plus haute forme de l’esprit humain, ou la forme la plus haute donnée à l’esprit humain, ou la plus haute forme prise, patiemment ou vite, par un coup de pot, toujours hardiment si l’on veut, il s’agit d’une forme, et cette forme est loin d’être la limite où peut s’aventurer un homme. Passons à Dostoïevski ou plutôt aux Frères Karamazov, chef-d’œuvre du roman, grand livre, audacieuse instigation des âmes, démesure et démesures.
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« Aux éclats » de Nathalie Béasse à la Bastille – continuer à rire au milieu des décombres

Le Théâtre de la Bastille ouvre sa saison avec Aux éclats, dernière création de Nathalie Béasse initiée lors d’une résidence qui s’est déroulée au même endroit il y a plus d’un an, « Occupation 3 ». Après Le Bruit des arbres qui tombent, l’artiste inclassable propose des « variation sur la chute et le rire » – mais surtout sur le rire, comme le suggère le titre. Ses recherches ont fini par prendre la forme d’un spectacle erratique, sur le fil entre reprise de ressorts comiques éprouvés et création d’images insolites qui travaillent la sensibilité. Une espèce de désinvolture est revendiquée dans la forme non parfaitement ficelée, presque fragile, de cette œuvre, qui entend contribuer à faire l’éloge de la légèreté et de la gratuité par temps d’effondrements.
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« Trissotin ou Les Femmes savantes » de Molière au TGP : le rire comme moyen de résistance

Le soir-même d’un réveil douloureux à Saint-Denis, qui a donné le sentiment qu’il s’agissait bien d’une guerre alors que cinq milles balles ont été tirées lors des perquisitions qui ont eu lieu suite aux attentats du 13 novembre, Jean Bellorini avait décidé de maintenir les représentations des deux spectacles à l’affiche du TGP, M’appelle Mohamed Ali, de Dieudonné Niangouna, et Trissotin ou Les Femmes savantes, mis en scène par Macha Makeïeff.…

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« Das Weisse vom Ei – Une île flottante »
d’après Labiche à l’Odéon : mécaniques du rire

En 1991, Christoph Marthaler monte L’Affaire de la rue Lourcine d’Eugène Labiche, et collabore pour la première fois avec Anna Viebrock, qui signe par la suite la scénographie de tous ses spectacles. Près de vingt-cinq ans plus tard, il revient à cet auteur avec un montage de textes à partir de courtes pièces, parmi lesquelles La Poudre aux yeux, qui donne leurs noms au personnage.…

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« Mademoiselle Else » d’après Arthur Schnitzler au Théâtre de la Bastille

Mademoiselle Else n’est pas à proprement parler un spectacle des tg STAN, mais celui d’un des fondateurs du collectif, Frank Vercruyssen, accompagné de la jeune Alma Palacios, danseuse de formation. Dans ce premier volet d’un triptyque consacré à la figure de la femme, le comédien flamand s’appuie sur la nouvelle d’Arthur Schnitzler du même titre, qu’il adapte à sa façon, entre incarnation et distance, entremêlant ainsi émotion et rire.…

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