Étiquette : jeunesse

« L’Absence de père » de Lorraine de Sagazan – trentenaires d’aujourd’hui, génération perdue

La nouvelle salle de la MC93 de Bobigny a été transformée en arène pour le spectacle de Lorraine de Sagazan, L’Absence de père. Le public est en effet réparti sur quatre côtés, autour d’un grand carré sur lequel est reconstitué un intérieur, composé de plusieurs espaces – une table commune, un coin salon, un coin chambre, et deux boudoirs. C’est sur ce plateau que prend forme une adaptation de Platonov, pièce de Tchekhov, grâce à laquelle la metteure en scène s’interroge sur la génération des trentenaires d’aujourd’hui – une génération perdue.
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Adolescence et territoire(s) : « Les messages d’amour finiront bien par arriver » – ode à la jeunesse

Après l’Odéon et avant l’Espace 1789 de Saint-Ouen, les jeunes qui participent depuis le début de l’année au programme « Adolescence et territoire(s) » ont présenté au T2G le résultat d’un an de travail. Ils sont plus de vingt et viennent de Paris 17è, Gennevilliers et Saint-Ouen ; ils sont pour la plupart lycéens, âgés entre 15 et 20 ans. Mais ce sont là leurs seuls points communs - pour le reste, le groupe qu’ils forment se distingue par son hétérogénéité. Cette année, l’artiste qui les a accompagnés et qui a écrit pour eux une œuvre est Marie Piémontèse. Elle est surtout connue en tant qu’actrice de Joël Pommerat, mais est aussi auteure et metteure en scène au sein de la compagnie Hana San Studio, fondée par Florent Trochel qui co-signe la mise en scène de ce spectacle, Les Messages d’amour finiront bien par arriver. Ensemble, ces deux artistes ont offert à ces jeunes un très beau texte et une très belle œuvre scénique, qui donne foi en la jeunesse d’aujourd’hui.
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« L’Adolescent » de Dostoïevski – Confession aveugle d’un enfant du XIXe siècle

Quelques années avant Les Frères Karamazov, Dostoïevski commence un nouveau grand roman, L’Adolescent. Pour cette œuvre, il fait un choix radical, qui déjà le tentait pour Crime et châtiment : la forme qu’il choisit est celle de la confession, qui transforme l’adolescent qui donne son titre à l’œuvre en narrateur de l’histoire emmêlée qu’il imagine. La voix qui s’exprime alors est semblable à beaucoup d’égards à celle des Carnets du sous-sol– à la nuance près que ces carnets-là représentent deux gros volumes de près de mille pages en tout. Limitée à cette seule perspective, toute l’écriture de l’œuvre résulte profondément déterminée par ce parti-pris. Renonçant à la polyphonie à laquelle on attribuera en grande partie le caractère moderne de ses autres grands romans, Dostoïevski (s’)immerge dans la perception de son personnage, dont les contradictions sont particulièrement exacerbées alors qu’il est en pleine formation.
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« Je suis un pays » de Vincent Macaigne aux Amandiers – écriture sans dialogue

Le hall du Théâtre des Amandiers est une fois de plus plongé dans la brume en ce mois de décembre, alors que le froid sévit à l’extérieur, et que Vincent Macaigne a envahi les lieux et mis en marche ses machines à fumée à l’intérieur. La musique qui accueille le public dans le théâtre n’est pas encore tout à fait assourdissante, comme les habitués pourraient s’y attendre, mais les airs de piano joués sur un mode dérisoire donnent le ton, ainsi que les parois taggées à gros traits. En réalité ce n’est pas une œuvre que Macaigne présente à Nanterre, mais deux : Je suis un pays d’une part, et Voilà ce que jamais je ne te dirai de l’autre, la seconde étant imbriquée dans la première. Pour Je suis un pays, que Macaigne présente comme une « Comédie burlesque et tragique de notre jeunesse passée », le comédien, réalisateur et metteur en scène qui a dominé l’actualité culturelle de la rentrée n’invoque pas une grande œuvre du patrimoine comme il l’a déjà fait, mais reprend un texte de jeunesse, Friche 22.66, qui avait donné son nom à sa compagnie. Cette œuvre proprement macaignienne révèle la continuité de ses préoccupations et de son discours depuis sa sortie du Conservatoire, mais ce dialogue avec lui-même se révèle moins puissants que les précédents dialogues qu’il avait pu mettre en place avec Shakespeare ou Dostoïevski.
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« Jacuzzi » de Yunior García Aguilera – immersion dans le bain de la jeunesse cubaine

Dans le cadre des journées Traspasos Escénicos, organisées par l’Université des Arts de La Havane (ISA), en plus des conférences et ateliers qui rythment les journées, une série de spectacle est proposée chaque soir dans la capitale. L’arrivée d’étudiants en théâtre – futurs comédiens, metteurs en scène, scénographes, chercheurs ou critiques – des quatre coins du pays crée une émulation qui anime ces derniers jours de juin avant la trêve estivale.…

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« Ferdydurke » de Witold Gombrowicz [extrait]

Mes tantes, ces nombreuses demi-mères accrochées et collées à moi, mais sincèrement aimantes, essayaient depuis longtemps d’user de leur influence pour que je me range et devienne quelqu’un, par exemple un avocat ou un buraliste. Mon caractère indéfini les peinait à l’extrême, elles ne savaient pas comment me parler puisqu’elles ne savaient pas qui j’étais, donc elles se contentaient de marmotter.…

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« Une année sans été » de Catherine Anne au Théâtre Paris-Villette

Pour la première fois avec Une année sans été, Joël Pommerat ne signe pas le texte du spectacle, en plus de sa mise en scène. Pour la première fois également, il ne mobilise pas sa troupe, la compagnie Louis Brouillard, mais collabore avec un groupe de jeunes comédiens et de jeunes artistes de la scène, ainsi qu’avec l’équipe technique qui l’entoure d’ordinaire, notamment les Leymarie pour le son et Eric Soyer pour les lumières.…

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« Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) » d’Angélica Liddell dans la Cour du Lycée Saint-Joseph

Présente au Festival d’Avignon en 2010 et 2011, Angélica Liddell revient cette année avec deux créations, Ping Pang Qiu et Todo el cielo sobre la tierra. Alors que la première est présentée comme une forme de théâtre-documentaire autour de son apprentissage du chinois, elle explore dans l’autre le « syndrome de Wendy », qu’elle définit comme une terreur de l’abandon, étroitement liée au fait que le personnage n’aime que des adolescents.…

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