« Iliade » et « Odyssée » de Pauline Bayle au Théâtre Public de Montreuil – adapter Homère sans représenter l’épopée
La nouvelle saison du Théâtre Public de Montreuil est inaugurée avec un diptyque de la metteuse en scène Pauline Bayle récemment nommée directrice du lieu, Iliade et Odyssée. Le premier volet a été créé en 2015 au Théâtre de Belleville, puis présenté au Off d’Avignon. Le deuxième, produit par la MC2 Grenoble, date de 2017. Le diptyque constitué a reçu en 2018 le Prix Jean-Jacques-Lerrant de la révélation théâtrale, décerné par le Syndicat de la Critique. Depuis, la metteuse en scène a créé Chanson douce au Studio de la Comédie-Française, Illusions perdues d’après Balzac, et Les Suppliantes d’après Eschyle, dans le cadre du projet « Adolescence et territoire(s) ». Pour entamer son mandat de directrice, Pauline Bayle revient à ces deux spectacles qui l’ont propulsée dans le paysage théâtral et le pose comme geste fondateur de sa pratique, caractérisée par l’adaptation de textes épiques ou romanesques.« Phèdre » de Brigitte Jaques-Wajeman aux Abbesses – que faire de nos classiques aujourd’hui ?
Après avoir monté toutes les pièces de Corneille ou presque, Brigitte Jaques-Wajeman aborde désormais celles de Racine. Assurée par ses précédents spectacles, elle se confronte d’emblée à ses tragédies les plus célèbres : Britannicus, il y a quinze ans, et Phèdre désormais. Pour cette dernière création, la metteure en scène travaille encore et toujours avec la compagnie Pandora, qu’elle a créée en 1976 avec François Regnault. Pendant quatre décennies, les déviations ont été rares de Corneille à Racine, avec quelques incursions du côté de Molière, une pièce de Claudel (Partage de midi) ou une autre d’Hugo (Ruy Blas). Même lorsque la compagnie s’est aventurée du côté des écritures contemporaines, elle choisissait des réécritures, de Sophocle par exemple (Tendre et cruel, Martin Crimp). Une telle persistance à monter un répertoire classique, dans l’indifférence de toutes les évolutions plus ou moins heureuses qu’a connu le théâtre depuis les années 1980, invite à se demander ce qu’il est possible de faire des tragédies du XVIIe siècle sur nos scènes actuelles.« C’est la vie » de Mohamed El Khatib à l’Espace Pierre Cardin – Human Zoo
Avec Finir en beauté, il y a eu un avant et un après dans la trajectoire de Mohamed El Khatib. A partir de ce texte devenu spectacle, dans lequel il consigne les derniers moments de sa mère avant d’entreprendre son travail de deuil, son geste artistique change. Désormais, il lui paraît anecdotique de monter des œuvres écrites par d’autres, de raconter des histoires, et même de faire jouer des acteurs. La seule chose qui lui importe devient dès lors le réel, et sa restitution brute sur la scène. Mais quand, suite à cette œuvre qui le fait connaître, le propulse sur les plus grandes scènes françaises et donne une autre dimension à son travail, il fait appel à deux acteurs pour qu’ils témoignent de leur douleur à eux, causée par la perte d’un enfant, sa démarche prend une toute autre dimension – notamment éthique. C’est la vie, présenté dans le cadre du Festival d’Automne à l’Espace Cardin, dérange et fait surgir de nombreuses questions quant au bien-fondé de sa démarche – des questions qui restent sans réponse.« Quarttet » d’Heiner Müller [extrait] – la marquise de Merteuil rêve…
MERTEUIL : Valmont. Je la croyais éteinte, votre passion pour moi. D’où vient ce soudain retour de flamme. Et d’une passion si juvénile. Trop tard bien sûr. Vous n’enflammerez plus mon cœur. Pas une seconde foi. Jamais plus. Je ne vous dis pas cela sans regret, Valmont.…
Polyphonie, dialogisme, monologue et dialogue en jeu dans « Crime et châtiment » de Dostoïevski et « Procès ivre » de Koltès
Article à paraître dans les actes du colloque international « Entre monologue et dialogue » qui s’est tenu à Paris du 2 au 4 mai 2016 à la Sorbonne (Paris III)…
« Kassandra » de Sergio Blanco au Café-Théâtre Bertolt Brecht, mis en scène par Gabriel Calderón : entendre Cassandre, pour une fois
À l’occasion de la Feria Internacional del Libro, qui a lieu chaque année à La Havane depuis maintenant vingt-cinq ans, le dramaturge franco-uruguyen Sergio Blanco a été invité à présenter son œuvre théâtrale, aussi bien au cours de conférences organisées par la Casa de las Américas qu’avec plusieurs représentations.…
« En miettes », V1
Après plusieurs mois de lectures et de travail chacune de notre côté, est enfin venu le moment de croiser nos regards sur un même objet, En miettes. Ce titre désigne le texte écrit par Laura à partir des œuvres de Ionesco, Jacques ou la soumission et Journal en miettes.…
« tu veux bien être ma dramaturge ? »
15 février 2015, un message vocal sur mon répondeur : « Oui Flo, c’est Laura, je t’appelle car j’aimerais bien qu’on se voie pour parler de mon projet Ionesco. Je suis un peu bloquée et j’aimerais avoir ton avis, te poser des questions… Dis-moi quand t’es dispo, pour qu’on prenne le temps de discuter ».…
« King Lear fragments » d’après William Shakespeare par le Collectif Mains d’Œuvre
Le Collectif Mains d’Œuvre propose au Théâtre des Halles une délicieuse appropriation de la pièce de William Shakespeare. Dans l’intimité de la Chapelle Sainte-Claire, ils sont deux comédiens, drôles, touchants et vraiment doués, qui nous racontent cette histoire, cherchent à nous la faire comprendre, mais aussi la jouent, en dosant parfaitement le tragique et le comique.…