Étiquette : présence

« Le Songe » de Gwenaël Morin au Jardin de la rue Mons – fulgurance d’une folle fantaisie

Gwenaël Morin a été invité par Tiago Rodrigues à un compagnonnage avec le Festival pour les quatre années à venir, intitulé « Démonter les remparts pour finir le pont » (d’Avignon). Grand fidèle au répertoire, textuel avant tout mais aussi plus largement théâtral avec ses récentes créations inspirées du Living Theatre ou Antonin Artaud, le metteur en scène est invité à choisir une œuvre en relation avec la langue invitée à chaque édition. Cette année, il a réuni deux acteurs et deux actrices présents dès les débuts de sa troupe, le Théâtre permanent, et nous propose avec eux une folle traversée de la merveilleuse comédie merveilleuse de Shakespeare, dont il révèle toute la facétie.
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« Nous campons sur les rives » mis en scène par Hubert Colas – penser notre présence au monde avec Mathieu Riboulet

Nous campons sur les rives est né de la rencontre d’un metteur en scène, d’un acteur et d’un auteur, Mathieu Riboulet. Ce dernier est mort l’an dernier, et les titres de ses œuvres semblent autant de promesses. Au hasard, on peut citer Quelqu’un s’approche, Le Regard de la source, Les Âmes inachevées, Deux larmes dans un peu d’eau, Prendre dates, Lisières du corps, Entre les deux il n’y a rien… Cet auteur-penseur a été invité à écrire un texte pour le Banquet du livre, événement littéraire et philosophique organisé chaque année dans le sud de la France, à Lagrasse. Patrick Boucheron, historien, lui a commandé un texte finalement intitulé Nous campons sur les rives. Hubert Colas reprend ce titre pour son spectacle, présenté dans le Planétarium des Amandiers, alors qu’il convoque également sur scène un chapitre de Lisières du corps, « Dimanche Cologne ». Pour ces deux textes, il réunit deux acteurs, aux registres de jeu très différents, qui exposent deux façons de penser notre présence au monde dans le contexte d’urgence, de dilution des frontières et d’inquiétude qui caractérise notre époque.
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« La Gioia » de Pippo Delbono au Théâtre du Rond-Point – troubles de présence pour dire une absence

Sur la scène du Théâtre du Rond-Point, Pippo Delbono annonce en personne, micro à la main, un spectacle en hommage à Bobò, un des membres emblématiques de sa compagnie. Un spectacle en forme de mausolée, intitulé « la joie ». Un spectacle qui commence sur une scène absolument vide et s’achève avec un tableau rococo débordant de fleurs, dans le style de Fragonard. Un spectacle qui travaille de multiples formes de présence pour contrer l’absence.
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« Re-Paradise » de Gwenaël Morin aux Amandiers – re-living the theatre

Pour fêter les 50 ans des événements de mai 1968, Philippe Quesne a invité plusieurs artistes au Théâtre Nanterre-Amandiers pour « défricher des territoires utopiques », au cours d’un Festival éloquemment appelé « Mondes possibles ». Sa proposition vise moins à commémorer le passé – comme l’affirme Sanja Mitrovic dans son spectacle, My Revolution is better than yours, faisant écrire en grosses lettres par un acteur « We don’t commemorate, we keep on fighting » – qu’à penser le présent, à partir de cet héritage bien particulier. De nombreuses formes artistiques sont ainsi accueillies, pour un temps de réflexion collectif. C’est dans ce contexte que Gwenaël Morin recrée Paradise Now, spectacle emblématique du Living Theatre présenté en juillet de cette fameuse année à Avignon.
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« Ludwig, un roi sur la lune » par l’Atelier Catalyse au TGP – théâtre fragile

Ludwig, un roi sur la lune, programmé l’été dernier au Festival d’Avignon, est repris cet hiver au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Ce spectacle est la dernière création de Madeleine Louarn avec les comédiens handicapés mentaux de l’Altelier Catalyse. Celle qui était au départ éducatrice spécialisée a mené un long travail avec ces acteurs, et a monté déjà plusieurs spectacles avec eux, désormais formée pour la mise en scène.…

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« No51Mu Naine Vihastas » du Teater 99 aux Amandiers : la re-présentation en question

Présenté au Festival d’Avignon 2015, No51Mu Naine Vihastas, du Teater 99 venu d’Estonie, est repris dans le cadre du Festival d’Automne aux Amandiers de Nanterre en cette fin d’année, en parallèle d’un autre spectacle, No43. Le nom de la compagnie et ceux des deux œuvres mettent d’emblée sur la voie d’un projet qui dépasse l’unité-spectacle : Ene-Liis Semper et Tiit Ojasoo ont prévu de faire 99 créations, chacune numérotée selon un décompte qui programme une fin, et inscrit dans une série dont les termes sont à chaque création reconfigurés.…

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« Les Frères Karamazov, par MM. Jacques Copeau et Jean Croué (d’après Dostoïevski) au Théâtre des Arts », Jacques Rivière

Des mille raisons qui semblaient rendre impossible la transcription dramatique des Frères Karamazov, voici, je pense, la plus grave : l’abondance extraordinaire du roman est un des éléments essentiels de sa beauté ; il ne serait pas ce qu’il est, un des plus accablants chefs-d’œuvre de la littérature, s’il avait cent pages de moins.…

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