Étiquette : langage

« Les fleurs de Tarbes » de Jean Paulhan [extraits] – crise du langage

Les rhétoriqueurs – du temps qu’il y avait des rhétoriques – expliquaient avec complaisance comment nous pouvons accéder à la poésie : par quels sons et quels mots, quels artifices, quelles fleurs. Mais une rhétorique moderne – diffuse à vrai dire et mal avouée, mais d’autant plus violente et têtue – nous apprend d’abord quels artifices, sons et règles peuvent à jamais effaroucher la poésie. Nos arts littéraires sont faits de refus. Il y a eu un temps où il était poétique de dire onde, coursier et vespéral. Mais il est aujourd’hui poétique de ne pas dire onde, coursier et vespéral.
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« Les Océanographes » d’Emilie Rousset et Louise Hémon au Théâtre de Châtillon – sonder le potentiel théâtral du langage scientifique

Le binôme Émilie Rousset et Louise Hémon s’est reformé pour un nouveau spectacle créé en septembre dernier au T2G et présenté ces jours-ci au Théâtre de Châtillon, Les Océanographes. Après Le Grand Débat, consacré au rituel du débat précédant le deuxième tour des présidentielles et dont il faudra se souvenir dans quelques semaines, les deux artistes poursuivent leur réflexion sur les discours que tiennent les images sur un tout autre terrain. Elles s’inspirent cette fois du travail d’Anita Conti, première femme océanographe et écologiste avant l’heure, et embarquent leur public dans le monde de la pêche au chalut. En plus de mettre à l’épreuve de ce qu’un langage ultraspécialisé peut donner à voir, elles poursuivent leurs recherches passionnantes sur le jeu à partir d’archives sonores.
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L’artiste, un être à la sensibilité exacerbée selon Bergson

Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l’unisson de la nature.…

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« Kassandra » de Sergio Blanco au Café-Théâtre Bertolt Brecht, mis en scène par Gabriel Calderón : entendre Cassandre, pour une fois

À l’occasion de la Feria Internacional del Libro, qui a lieu chaque année à La Havane depuis maintenant vingt-cinq ans, le dramaturge franco-uruguyen Sergio Blanco a été invité à présenter son œuvre théâtrale, aussi bien au cours de conférences organisées par la Casa de las Américas qu’avec plusieurs représentations.…

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« Le Vivier des noms » de Novarina au Cloître des Carmes : La messe est dite

Dans le Cloître des Carmes, à la belle étoile, le grand prêtre Valère Novarina dit sa dernière messe, Le Vivier des Noms. Spectatrice de L’Acte inconnu, en 2007 – puis du Vrai Sang, quelques années plus tard – cette pièce avait alors constitué une première approche du théâtre contemporain, du moins non boulevardien et vaudevillesque, et a donc probablement joué un rôle majeur sur le choix des pièces ensuite effectué.…

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Notes et contre-notes sur « Jacques ou la Soumission » (1/3)

« L’explication linéaire est une lecture en haute tension et
en profondeur, qui développe l’aptitude à la jouissance ».

C’est la phrase que nous avait dite un professeur génial, qui avait trouvé le moyen de donner tout son sens à un exercice que l’on nous avait empêché de faire toute notre scolarité malgré l’intuition et le désir qui nous y portaient.…

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« Les Démons » de Fiodor Dostoïevski

Quand le lecteur referme le troisième tome des Démons de Dostoïevski, il se sent essoufflé, comme vidé, mais également ébloui par l’épopée qu’il vient de traverser. Encore sous le choc, il lui faut revenir au point de départ de l’œuvre, à ses premières pages, qui semblent déjà un lointain souvenir, pour se ressaisir de sa lecture, reconsidérer le parcours effectué.…

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