« Un ennemi du peuple » de Thibaut Wenger au Théâtre Châtillon-Clamart – démocratie en panne de dialogue
Au Théâtre Châtillon-Clamart a été créée la dernière mise en scène de Thibaut Wenger, qui après Une maison de poupée en 2016 revient à Ibsen avec Un ennemi du peuple. La pièce a plusieurs fois été montée ces dernières années – par Jean-François Sivadier en 2019 ou Thomas Ostermeier en 2012 –, et l’actualité que lui confère la crise écologique est encore accrue par la crise sanitaire engendrée par le covid. La tentation est grande, à notre époque, de faire du Dr Stockmann, qui découvre que les eaux de la ville thermale où il habite et exerce sont contaminées, une victime de la société qui refuse d’entendre la vérité qu’il brandit au nom d’intérêts publics et privés. De faire grâce à lui le procès des classes dirigeantes et des médias. La pièce d’Ibsen est cependant beaucoup moins manichéenne que cela. Thibaut Wenger le démontre en embrassant pleinement l’ambivalence de son personnage, afin de dire avec lui l’impossible dialogue des instances qui composent notre société et l’impasse dans laquelle se trouve notre démocratie.Présentation d’ « Un ennemi du peuple » d’Ibsen dans la perspective de la mise en scène de Thibaut Wenger
Présentation d'Un ennemi du peuple d'Ibsen, dans la perspective de la mise en scène de Thibaut Wenger. Show devant réalisé au Théâtre de Châtillon-Clamart. Un ennemi du peuple, pièce publiée en 1882 et créée l’année suivante à Copenhague, est considérée comme une pièce de la maturité d’Ibsen. L’auteur a en effet déjà fait ses preuves plusieurs fois, notamment avec Peer Gynt (1867) et Une maison de poupée (1879), qui sont probablement ses deux œuvres les plus connues.« Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort » au Musée d’Orsay – les couleurs de notre condition humaine effrayée
À Orsay, l’exposition consacrée au peintre norvégien Edvard Munch attire un public encore nombreux à quelques jours de sa fin. Le titre lyrique choisi pour cette rétrospective, « Un poème de vie, d’amour et de mort », inspiré d’une déclaration du peintre lui-même, n’annonce pas d’angle d’approche spécifique. Le parti pris est avant tout chronologique, et permet ainsi de souligner la position charnière du peintre entre le XIXe et le XXe siècles, et les inspirations qu’il puise dans les œuvres de ses prédécesseurs ou celles de ses contemporains. Les textes qui rythment l’exposition éclairent les toiles méconnues, en guidant le regard sur leurs détails. Les plus familières produisent l’effet de sidération que promettent leurs reproductions papier ou numérique et s’entourent d’autres, de déclinaisons qui les rendent plus familières et plus fascinantes encore.« La Vie invisible » de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix à l’Espace Cardin – Ibsen x Rambert
La vie théâtrale reprend progressivement après la trêve hivernale, et 2022 s’ouvre avec un court spectacle programmé par le Théâtre de la Ville : La Vie invisible de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix. Un spectacle créé l’an dernier à la Comédie de Valence, à partir de témoignages de personnes non et malvoyantes, à l’esthétique dépouillée, « pour permettre aux personnes déficientes visuelles […] d’assister aux représentations » : des rideaux blancs qui ondulent cernent un plateau quasiment vide – rideaux semblables à celui des premières scènes de Go down, Moses de Castellucci, avec qui Lorraine de Sagazan a collaboré il y a quelques années. La Vie invisible raconte la vie d’un homme, une vie presque ordinaire en apparence, mais qui se révèle d’une profondeur dramatique saisissante. Le spectacle produit l’effet d’un coup de poing asséné au creux du ventre.« Peer Gynt » d’Ibsen [extrait]
Acte III, scène 4
Chez Âse. Le soir. Un feu de bûches illumine la cheminée. Le chat est sur une chaise au pied du lit.
Âse est au lit et promène fébrilement ses mains sur sa couverture.
Âse. – Seigneur mon Dieu, il ne vient pas ?…
« Peer Gynt » d’Ibsen : féérie
« Ce que j’ai écrit de plus fou ». C’est en ces termes qu’Ibsen parle de sa pièce Peer Gynt, écrite lors d’un moment de crise, alors qu’il est en exil volontaire en Italie et qu’il se trouve donc loin de son pays et loin du théâtre.…
« Andreas » d’après Strindberg à la Commune d’Aubervilliers : à mi-chemin
Artiste associé à la Commune d’Aubervilliers, Jonathan Châtel ouvre la nouvelle saison là-bas avec Andreas, spectacle qui était programmé au Festival d’Avignon cet été. En plus d’en signer la mise en scène, le Franco-Norvégien est également traducteur et adaptateur de la pièce-fleuve d’August Strindberg, Le Chemin de Damas, qu’il condense autour de sa figure centrale, l’Inconnu.…
« Petit Eyolf » d’Ibsen au Théâtre des Abbesses – l’envers du drame
Pour la première fois au cours de sa carrière, Julie Berès se confronte à un texte classique, indique le programme du Théâtre de la Ville. Dans son dernier spectacle présenté aux Abbesses, elle s’empare en effet d’une pièce d’Ibsen, Petit Eyolf, l’avant-dernière de l’auteur norvégien, qui n’est pas la plus connue et qui relativise cet adjectif, « classique ».…
« Des arbres à abattre » de Thomas Bernhard
Le roman de Thomas Bernhard, Des arbres à abattre, a fait polémique à sa publication. La critique sans appel qu’il dresse de la société viennoise ajoutée à la dimension autobiographique de l’œuvre l’ont fait passer pour une déclaration de haine à peine déguisée.…