Étiquette : haine

« Història d’un senglar (o alguna cosa de Ricard) » de Gabriel Calderón au Théâtre Benoît-XII – acteur recherche rageusement spectateur intelligent

L’auteur uruguayen Gabriel Calderón est pour la première fois invité au Festival d’Avignon, et son travail ainsi soumis à l’appréciation d’un vaste public. Ce n’est pas pour autant sa première fois en France, car en 2013, il créait une trilogie au Théâtre des Quartiers d’Ivry. Quoique Jean-Pierre Han lui ait à cette occasion consacré tout un numéro de sa revue Frictions, dans lequel il prédisait alors la rencontre avec un auteur et un metteur en scène puissant, l’événement ne suffisait pas à faire découvrir un artiste plusieurs fois récompensé dans son pays et largement reconnu en Amérique latine, et à l’inscrire durablement dans le paysage théâtral français ouvert à l’étranger. Cette rencontre retardée arrive enfin, grâce à un seul en scène porté par l’acteur catalan Joan Carreras qui interprète un monologue imprégné par le Richard III de Shakespeare dans Història d’un senglar, œuvre exemplaire du caractère brillant de la dramaturgie de Gabriel Calderón.
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« L’Enfant brûlé » de Stig Dagerman – passions du deuil

L’Enfant brûlé est l’un des quatre romans de l’auteur suédois Stig Dagerman, dont l’œuvre la plus connue est un essai sur le suicide qui précède de deux ans celui de l’auteur à 31 ans : « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ». L’Enfant brûlé peut se lire comme une illustration de ce titre poignant, en ce qu’il relate le difficile travail de deuil d’un jeune homme après le décès de sa mère, et les relations conflictuelles que cette situation engendre avec son père, avec sa fiancée, et avec la nouvelle amante de son père. Son besoin de consolation incommensurable, Bengt l’assouvit par la haine, la sournoiserie, la passion et la pensée du suicide. Tout au long d’une année, sont ainsi disséquées les étapes du deuil d’un jeune garçon en pleine formation morale et émotionnelle.
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« Les Armoires vides » d’Annie Ernaux – dernier jour d’une condamnée

Le premier roman d’Annie Ernaux, Les Armoires vides, contient en puissance plusieurs de ses œuvres à venir. Dans ce texte d’inspiration autobiographique, l’autrice relate son enfance et son parcours de transfuge, du café-épicerie de ses parents à l’université, au travers du personnage de Denise Lesur. Quoiqu’elle révèle en creux la genèse d’une autrice, l’œuvre ne livre pas le récit victorieux d’une ascension sociale permise par l’école. La trajectoire de la jeune femme est retracée dans un moment de crise, qui la condamne selon elle à la fatalité de son milieu d’origine.
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« Wycinka Holzfällen » (Des arbres à abattre) d’après Thomas Bernhard à la FabricA : mise en scène et en colère

En 2013, Lupa reprenait à la Colline Perturbation, d’après Thomas Bernhard. Pour quelques dates seulement, il présente en ce début de Festival d’Avignon une nouvelle adaptation de l’auteur autrichien dont il dit qu’il l’habite, d’après Des arbres à abattre cette fois.…

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« L’Eternel Mari » de Dostoïevski

Peu après avoir écrit L’Idiot, Dostoïevski s’attaque à un projet qui détonne au sein de la production de ses dernières années. Avec L’Eternel Mari, il ne s’agit pas d’une œuvre-fleuve qui multiplie les personnages et superpose les intrigues. Ce roman reprend le schéma traditionnel du théâtre de vaudeville, formé par le triangle amoureux du mari, de la femme et de l’amant, et en propose une version originale.…

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