« Mausolée » de Louise Chennevière [extrait] – tombeau de mots pour l’amour

– Voilà, mon poète, je veux vous ouvrir un secret de la nature dont j’ai l’impression que vous l’ignorez. Je suis convaincu que vous me traitez de pêcheur, au moment où nous sommes, et même peut-être de crapule, de monstre de débauche et de perversion.…
Cemí était encore trop marqué par cette matinée quand il décida de descendre à pied jusque chez lui par San Lázaro. Il se remémorait ce que Fronesis et Foción avaient dit avec une apparence d’objectivité. Il pensait aussi au roman qui se cachait sous ces paroles.…
J’ai revu Juliette l’an passé. Plus de dix ans s’étaient écoulés depuis sa dernière lettre, celle qui m’annonçait la mort d’Alissa. Un voyage en Provence me fut une occasion de m’arrêter à Nîmes. Avenue de Feuchères, au centre bruyant de la ville, les Teissières habitent une maison d’assez belle apparence.…
Avant le lever du rideau, la salle présentait un spectacle étrange et animé. D’abord, la masse des spectateurs, écrasés, bousculés, pressés de tous côtés, le visage patient et bienheureux, attendant le début de la représentation. Dans les derniers rangs, des gens qui se démenaient les uns derrière les autres.…
Acte III, scène 4
Chez Âse. Le soir. Un feu de bûches illumine la cheminée. Le chat est sur une chaise au pied du lit.
Âse est au lit et promène fébrilement ses mains sur sa couverture.
Âse. – Seigneur mon Dieu, il ne vient pas ?…
Des mille raisons qui semblaient rendre impossible la transcription dramatique des Frères Karamazov, voici, je pense, la plus grave : l’abondance extraordinaire du roman est un des éléments essentiels de sa beauté ; il ne serait pas ce qu’il est, un des plus accablants chefs-d’œuvre de la littérature, s’il avait cent pages de moins.…
– Tu as deviné ? chuchota-t-il enfin.
– Mon Dieu ! Ce fut un cri terrible qui s’arracha de sa poitrine. …
Et voici qu’au lever, sur le seuil du premier soleil, le sol commença à mugir sous leurs pieds, les montagnes à se mouvoir dans les forêts ; on crut entendre des chiennes, hurlant à travers l’ombre, aux approches de la déesse.…