« Guermantes » de Christophe Honoré – se consoler du présent en rêvant la vie d’artiste
En avril 2020, Christophe Honoré devait présenter sa dernière création avec la troupe de la Comédie-Française : Le Côté de Guermantes, d’après Marcel Proust. Reportée, la pièce est finalement créée en septembre, et elle reste à l’affiche pendant plusieurs semaines, ne cessant de s’adapter aux nouvelles mesures sanitaires : la distanciation, les jauges réduites, le couvre-feu, etc. Les multiples rebondissements qui ont marqué la création de ce spectacle ont inspiré un film au metteur en scène, qui est aussi réalisateur. De l’abattement que provoquent les reports et annulations successives, émerge une idée, un projet, qui permet de parler de la situation présente et d’échapper à sa pesanteur : un film sur la troupe de la Comédie-Française pendant les répétitions d’un spectacle d’après Proust, quand les acteurs et le metteur en scène apprennent que la première n’aura pas lieu. Alors qu’une impression d’anachronisme se dégageait du spectacle en réalité créé, le film ramène à notre époque et nous console avec des fantasmes.« Le Côté de Guermantes » d’après Proust, mis en scène par Christophe Honoré, au Théâtre Marigny – promenade par temps orageux
Christophe Honoré est un amant de la littérature. Au cinéma comme au théâtre, il la côtoie de près. En témoignent ses Métamorphoses d’après Ovide à l’écran, ou Nouveau Roman et Les Idoles sur scène, qui faisaient revivre des auteurs à travers leurs œuvres. Pour sa dernière création au théâtre, il se mesure à un nouveau défi avec la troupe de la Comédie-Française : un spectacle inspiré du Côté de Guermantes de Proust. Il s’agit du troisième tome d’A la Recherche du temps perdu, l'un des romans les plus longs jamais écrit. Honoré ne garde certes qu’un morceau de cette immense fresque qui résiste au théâtre rien que par sa longueur, mais il en choisit le volume le plus gros et peut-être le moins adaptable : celui qui raconte l’entrée du narrateur dans le monde, et sa découverte de l’aristocratie. Deux impressions se dégagent du spectacle, en grande partie inspirées du roman : anachronisme et déception.« Le Pays lointain » de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par Clément Hervieu-Léger – au coeur des contradictions de l’oeuvre ultime
Le Pays lointain, spectacle de Clément Hervieu-Léger créé en septembre 2017, est présenté ce mois-ci à l’Odéon. Dans la même salle, il y a quelques mois à peine, Christophe Honoré faisait revivre sa famille artistique idéale dans Les Idoles, dont les membres n’étaient pas unis par le sang mais par le même virus du sida. Pour cette œuvre, Honoré assumait pleinement une situation de discours improbable : les morts venaient en tant que morts parler au public bien vivant, et les acteurs passaient d’une identité à l’autre selon la simple envie du metteur en scène. Cette cérémonie funéraire avait lieu dans un espace indéfini, qui évoquait un couloir de métro. Une continuité s’impose d’emblée avec le décor de Pays lointain : c’est cette fois un parking qui occupe la scène, occupé par une voiture désossée et une vieille cabine téléphonique. Là où Lagarce était un des personnages d’Honoré, il est maintenant invoqué en tant qu’auteur, mais avec une œuvre à forte charge autobiographique déjà abordé dans Les Idoles.« Les Idoles » de Christophe Honoré à l’Odéon – hommage aux morts et au théâtre
Christophe Honoré suit Stéphane Braunschsweig du Théâtre de la Colline à celui de l’Odéon, pour présenter après Nouveau Roman et Fin de l’histoire sa dernière création, Les Idoles. Dans ce spectacle, le metteur en scène assume une perspective plus intime, et propose une rêverie autour de tous les morts du sida qui ont peuplé sa jeunesse. Faisant du plateau la surface de projection de sa mémoire et de ses fantasmes, il invite ses idoles – ces morts qui ont continué de vivre avec lui, qui constituent des repères en même temps que des compagnons de vie – et dresse à travers eux le portrait d’une époque. Le spectacle s’annonce grave, mélancolique et un peu narcissique, mais il est loin de n’être que cela : il est aussi plein de poésie, d’humour, de finesse et de joie.« Fin de l’histoire » d’après Witold Gombrowicz à la Colline : monceaux d’histoires et d’Histoire
Trois ans après Nouveau Roman, Christophe Honoré revient à la Colline pour présenter Fin de l’histoire. Des écritures de Duras, Simon, Sarraute, Mauriac, Butor ou Robbe-Grillet, il passe à la pensée de Gombrowicz, sans autre transition que celle du temps et de tout ce qui le transforme en durée.…
« Nouveau Roman » : la conférence de Christophe Honoré dans la Cour du Lycée Saint-Joseph
Autant le dire toute de suite, la dernière création de Christophe Honoré, Nouveau Roman, n’est pas ce qu’on appelle communément du théâtre. Certes, il y a des comédiens sur la scène de la cour du Lycée Saint-Joseph, mais ce à quoi l’on assiste relève plus du genre de la conférence.…