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« Einstein on the beach » de Bob Wilson et Philip Glass

Le célèbre opéra de Bob Wilson et Philip Glass, Einstein on the beach, créé en 1976, a constitué une véritable rupture esthétique à l’époque de sa création. En 2014, peu après sa recréation en 2012, on peut se demander l’effet que produit ce spectacle alors que le choc est nécessairement moins grand que dans les années 1970.…

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« Des yeux sur moi » d’après Howard Barker, mis en scène par Lucile Rose au Conservatoire – le désir comme arme, jouissance et terreur

Il y a des « Ateliers d’élèves » programmés au Conservatoire qui sont en réalité des gestes artistiques déjà affirmés et puissants. C’est le cas de celui dirigé par Lucile Rose, elle-même élève de l’institution, qui après avoir collaboré à la dramaturgie de Sans tambour de Samuel Achache, et après avoir joué sous la direction de Julien Gosselin pour Musée Duras repris la saison prochaine, s’essaie à la mise en scène. Son choix s’est porté sur trois textes d’un auteur britannique mal connu, car peu mis en scène : Howard Barker. Il s’agit de Gertrude (le Cri), Elle a 80 ans, toujours si tellement – qui donne son magnifique nom à la compagnie tout juste créée – et Graves épouses, animaux frivoles. Ce matériau foisonnant donne lieu à un spectacle aussi intense que dérangeant, qui mobilise l’émotion et l’intellect tout en laissant interdit. 
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« Les Paravents » de Genet, mis en scène par Arthur Nauzyciel – monument aux morts, à l’adresse des vivants

À l’invitation du directeur du Théâtre de l’Odéon et de son programmateur, Arthur Nauzyciel a choisi de mettre en scène Les Paravents de Jean Genet – auteur dont il avait monté Splendid’s en 2015. Le spectacle a été créé en septembre dernier au Théâtre National de Bretagne que Nauzyciel dirige, et le voilà qui clôt la saison du Théâtre de l’Odéon. Entre temps, ces Paravents n’ont pas tourné, ce qui s’explique sans doute par l’ampleur de ce spectacle, sa scénographie monumentale, sa vaste distribution de seize personnes et sa durée de quatre heures. Il n’en faut pourtant pas moins pour représenter cette pièce-monstre de Genet, pièce qui paraît parfois si abstraite et injouable à la lecture. Après Roger Blin en 1966 et Patrice Chéreau en 1983, il était temps qu’un grand metteur en scène de notre époque s’attaque à cette œuvre et y donne accès aux nouvelles générations afin d’en faire percevoir tout à la fois la folie, l’exubérance provoquante et la puissance théâtrale extraordinaire. Nauzyciel pose ainsi un nouveau jalon dans l’histoire des mises en scène de cette pièce et relance avec elle la réflexion sur sons sens et les partis pris auxquels elle oblige.
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« May B » de Maguy Marin au T2G – infini, et impérissable

Créé en 1981, May B, de Maguy Marin, est repris pour quelques dates au T2G ce printemps. Ce n’est pas la première fois que ce spectacle qui a été commenté d’innombrables fois et situé comme un repère décisif pour quantité d’artistes reprend vie sur scène : depuis 2006, il est recréé presque tous les deux ans pour une poignée de dates. Ces recréations laissent croire que l’œuvre a passé la difficile épreuve du temps – celle qui peut frapper plus ou moins durement d’obsolescence des spectacles qui ont profondément marqué l’histoire du théâtre, qu’il s’agisse de la Mère Courage de Brecht ou d’Einstein on the Beach de Bob Wilson, dont la singularité ou la nouveauté paraît parfois émoussée depuis le moment de leur création. C’est peut-être ici le caractère hybride de l’œuvre, qui relève de la catégorie de la danse-théâtre rendue célèbre par Pina Bausch, qui lui permet de conserver toute sa puissance originelle et de convoquer notre sensibilité avec autant de force qu’il y a plus de quarante ans.
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« Quizoola ! » du Forced Entertainment à l’Espace Pierre Cardin – dialogue impromptu, sans fin ni début

Après quelques semaines de trêve pendant le mois d’août, la saison théâtrale est inaugurée par le Festival d’Automne à Paris. Parmi les événements organisés pour le week-end d’ouverture, était programmé un spectacle de la compagnie britannique Forced Entertainment, la même à qui était consacré tout un portrait l’an dernier. Onze mois après Complete Works : Table top Shakespeare, le public se retrouve ainsi au même endroit, à l’Espace Cardin, pour retrouver deux membres du collectif. Le rendez-vous n’est pas précis : à partir de 19 heures, sont proposées quelques trois heures de « performance-marathon », au cours desquelles le public se trouve libre d’entrer et de sortir à sa guise. Dans le flux de questions et de réponses échangées au plateau, dans une ambiance intime, cette autorisation qu’a pu également donner Bob Wilson se révèle ici authentique.
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« La Disparition du paysage » d’Aurélien Bory aux Bouffes du Nord – rencontre de deux artistes hypersensibles

Les Bouffes du Nord offrent un cadre somptueux à la rencontre de deux artistes ultra-sensibles : l’auteur Jean-Philippe Toussaint et le metteur en scène Aurélien Bory. Cette rencontre s’est faite par l’entremise de Denis Podalydès, acteur à qui l’auteur a remis son dernier texte, La Disparition du paysage, un texte non pas écrit pour la scène, mais qu’il souhaitait que l’acteur fasse entendre sur une scène. Grâce à Aurélien Bory, créateur d’images et de sons qui occupe une place singulière dans le paysage scénique actuel, le spectacle ne prend pas la forme d’une simple lecture théâtralisée du texte. Il offre une expérience sur le fil qui déploie la sensibilité et en découvre des strates insoupçonnées – ceci malgré le jeu de l’acteur qui paraît un peu trop cabotin dans cet univers à fleur de peau.
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« Gloucester Time – Matériau Shakespeare – Richard III » de Marcial di Fonzo Bo et Frédérique Loliée à la Comédie de Caen – Shakespeare au présent

Les spectacles portant la mention « d’après » sont nombreux de nos jours : ils s’inspirent de romans, de scénarios de films, de textes poétiques ou philosophiques. La dernière création de Marcial di Fonzo Bo et Frédérique Loliée porte quant à elle la mention : « d’après la mise en scène de Matthias Langhoff ». Voilà que le théâtre s’imite lui-même, pour faire vivre sa propre histoire ! La saison du CDN de Caen s’ouvre en effet avec la reprise d’une mise en scène créée à Avignon en 1995, Gloucester Time – Matériau Shakespeare – Richard III, mise en scène légendaire, dont le plateau incliné est notamment devenu une référence dans l’histoire de la scénographie. L’approche de ce spectacle est cependant intime. Les deux metteurs en scène à l’origine du projet étaient jadis acteurs dans la première promotion de l’École du Théâtre National de Bretagne. Sous le regard bienveillant du metteur en scène d’origine allemande, ils rassemblent souvenirs et archives et entraînent dans leur aventure toute une bande de jeunes acteurs. Le spectacle recréé est une démonstration de vie et d’énergie qui célèbre le retour au théâtre après plusieurs mois et donne le coup d’envoi d’une saison qui s’annonce extrêmement riche.
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« Sauver le moment » de Nicolas Bouchaud – l’envers de la brillance

La collection « Le temps du théâtre » d’Actes Sud ouvre des espaces privilégiés de parole aux metteurs en scène, aux acteurs, aux chercheurs et aux critiques qui s’efforcent de penser le théâtre, sous forme d’essais, d’entretiens, mais aussi de journaux de répétitions ou de formes plus hybrides. C’est dans ce cadre que Nicolas Bouchaud a fait paraître Sauver le moment, un recueil de souvenirs, de fragments d’une vaste mémoire d’acteur dont la carrière a commencé dans les années 1990. Son œuvre offre une perspective rare sur l’histoire du théâtre, cette histoire complexe à écrire, qui, plus que d’autres, nécessite de croiser de nombreux paramètres et de prendre en compte des points de vue subjectifs, de s’appuyer sur de nombreux témoignage pour rendre compte de ce qui a été, dont l’essentiel n’est plus. La perspective d’un être qui se situe sur le plateau, capable d’en dévoiler les coulisses, et de relater tout ce dont le théâtre est fait, au-delà du spectacle : les répétitions, les tournées, les soirées, les lectures… Plus particulièrement encore, la perspective d’un acteur singulier, qui révèle l’envers de la brillance qui le caractérise.
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« Une lumière au cœur de la nuit : le lustre, de l’intime à la scène » de Georges Banu – Réverbérations d’une lecture

En 2009, Georges Banu faisait paraître Des murs… au Mur aux Editions Gründ. En 2015, La Porte, au cœur de l’intime, aux Editions Arléa. Cette dernière maison a offert à l’auteur une nouvelle opportunité d’écrire un de ces textes situés un peu à la marge de ses publications habituelles, généralement consacrées au théâtre.
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« A Pink Chair (In Place of a Fake Antique) » du Wooster Group, d’après Kantor – théâtre palimpseste

Une des tendances du théâtre actuel semble être son désir de penser son histoire sur scène et de faire revivre ses grands moments. Tandis que le Berliner Ensemble présente dans le monde entier les créations historiques des pièces de Brecht, et que Bob Wilson a recréé il y a quelques années son Einstein on the Beach, Gwenaël Morin, lui, a récemment recréé Paradise du Living Theatre et les Molière de Vitez. Ces démarches tantôt versent dans la muséification, qui fige les spectacles et amenuise leur puissance originelle, tantôt aspirent à la réactivation au présent de principes artistiques éprouvés par le passé. Avec A Pink Chair, le Wooster Group explore une autre voie encore, celle de la mémoire : il ne prétend pas à une restitution à la lettre d’un spectacle de Kantor, d’après archives, et ne se contente pas non plus de reprendre ses principes artistiques. Le point d’approche choisi est celui de l’intimité.
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