« Qui sait » de Pauline Delabroy-Allard – écrire pour nommer
Qui sait était un roman attendu de la rentrée littéraire 2022. Il est le deuxième de Pauline Delabroy-Allard, qui a fait irruption dans le paysage il y a quatre ans avec un premier livre publié aux Éditions de Minuit, Ça raconte Sarah, plusieurs fois récompensé. Entre temps, elle a fait paraître des livres pour enfants et un objet hybride, mêlant textes poétiques et photographies, publié par l’Iconopop, Maison tanière. Qui sait est cette fois publié chez Gallimard, et sous-titré « roman », comme Ça raconte Sarah. Pourtant, comme Ça raconte Sarah, les inspirations de ce texte sont autobiographiques, et elles produisent un effet de frottement entre fiction et réalité, que la mise en garde ne parvient pas tout à fait à faire oublier. Ce frottement rend attentif au travail de l’écriture plus encore qu’à l’histoire racontée, une écriture qui saisit le monde à bras le corps.« Kafka sur le rivage » d’Haruki Murakami – labyrinthe bordé de limbes
Kafka sur le rivage est un roman de l’écrivain japonais Haruki Murakami. Son titre est à la fois familier et énigmatique. Il suggère une parenté avec l’écrivain austro-hongrois, mais que l’on devine lointaine. Ces premières impressions sont programmatiques de l’expérience de lecture que propose cette œuvre, de l’articulation singulière qu’elle propose entre prosaïsme et mystère à travers le récit de la fugue d’un adolescent.« La Nuit juste avant les forêts » de Koltès [extraits] – histoires d’amour
[…] je ne sais pas son vrai nom, celui qu’elle m’a dit n’était pas le sien, alors je ne dirai pas non plus comment elle était faite, personne ne saura jamais qui a couché avec qui, toute une nuit, sur un pont, en plein milieu d’une ville, des traces y sont encore, là-bas, dans la pierre : tu te promènes n’importe où, un soir par hasard, tu vois une fille penchée juste au-dessus de l’eau, tu t’approches par hasard, elle se retourne, te dit : moi mon nom c’est mama, ne me dis pas le tien, ne me dis pas le tien, tu ne lui dis pas ton nom, tu lui dis : où on va ?…
« No51Mu Naine Vihastas » du Teater 99 aux Amandiers : la re-présentation en question
Présenté au Festival d’Avignon 2015, No51Mu Naine Vihastas, du Teater 99 venu d’Estonie, est repris dans le cadre du Festival d’Automne aux Amandiers de Nanterre en cette fin d’année, en parallèle d’un autre spectacle, No43. Le nom de la compagnie et ceux des deux œuvres mettent d’emblée sur la voie d’un projet qui dépasse l’unité-spectacle : Ene-Liis Semper et Tiit Ojasoo ont prévu de faire 99 créations, chacune numérotée selon un décompte qui programme une fin, et inscrit dans une série dont les termes sont à chaque création reconfigurés.…
« Peer Gynt » d’Ibsen : féérie
« Ce que j’ai écrit de plus fou ». C’est en ces termes qu’Ibsen parle de sa pièce Peer Gynt, écrite lors d’un moment de crise, alors qu’il est en exil volontaire en Italie et qu’il se trouve donc loin de son pays et loin du théâtre.…
« Petit Eyolf » d’Ibsen au Théâtre des Abbesses – l’envers du drame
Pour la première fois au cours de sa carrière, Julie Berès se confronte à un texte classique, indique le programme du Théâtre de la Ville. Dans son dernier spectacle présenté aux Abbesses, elle s’empare en effet d’une pièce d’Ibsen, Petit Eyolf, l’avant-dernière de l’auteur norvégien, qui n’est pas la plus connue et qui relativise cet adjectif, « classique ».…
Cantique des Cantiques [extrait]
Toute la nuit j’ai cherché celui que mon cœur aime. Etendue sur mon lit, je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé ! Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours. Je veux chercher celui que mon cœur aime… Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé !…
« Incendies » de Wajdi Mouawad à Chaillot
Dans sa Trilogie, « Littoral », « Incendies » et « Forêt », Wajdi Mouawad mêle au patrimoine commun sa propre histoire, son vécu. Chacune des trois pièces est l’accouchement d’une pensée en gestation, dont les grandes lignes sont la quête identitaire et le voyage initiatique.…