Étiquette : mélancolie

« Nous revivrons » de Nathalie Béasse au Théâtre de la Bastille – impressions d’impressions tchekhoviennes

Nathalie Béasse est de retour au Théâtre de la Bastille, qui accueille fidèlement ses spectacles depuis plusieurs années. Le dernier en date, Nous revivrons, est une commande de la Comédie de Colmar et du Théâtre national de Strasbourg, avec la complicité du programme 1er acte qui soutient la visibilité des jeunes issus de la diversité sur les plateaux de théâtre. Nathalie Béasse a ainsi travaillé pour la première fois avec deux acteurs et une actrice, et a choisi pour point de départ L’Homme des bois, pièce inachevée de Tchekhov qui contient en germe Oncle Vania, mais aussi Les Trois Sœurs et La Cerisaie. Ce texte n’est qu’un point de départ, comme le signale la locution « d’après », car le travail singulier de la metteuse en scène consiste tout à la fois à effacer le texte, dont ne restent que des bribes, et à le rejoindre par des actions performatives. Le résultat prête à la rêverie autant qu’à la réflexion, sur notre état moral et sur le théâtre.
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« Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort » au Musée d’Orsay – les couleurs de notre condition humaine effrayée

À Orsay, l’exposition consacrée au peintre norvégien Edvard Munch attire un public encore nombreux à quelques jours de sa fin. Le titre lyrique choisi pour cette rétrospective, « Un poème de vie, d’amour et de mort », inspiré d’une déclaration du peintre lui-même, n’annonce pas d’angle d’approche spécifique. Le parti pris est avant tout chronologique, et permet ainsi de souligner la position charnière du peintre entre le XIXe et le XXe siècles, et les inspirations qu’il puise dans les œuvres de ses prédécesseurs ou celles de ses contemporains. Les textes qui rythment l’exposition éclairent les toiles méconnues, en guidant le regard sur leurs détails. Les plus familières produisent l’effet de sidération que promettent leurs reproductions papier ou numérique et s’entourent d’autres, de déclinaisons qui les rendent plus familières et plus fascinantes encore.
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« Une lumière au cœur de la nuit : le lustre, de l’intime à la scène » de Georges Banu – Réverbérations d’une lecture

En 2009, Georges Banu faisait paraître Des murs… au Mur aux Editions Gründ. En 2015, La Porte, au cœur de l’intime, aux Editions Arléa. Cette dernière maison a offert à l’auteur une nouvelle opportunité d’écrire un de ces textes situés un peu à la marge de ses publications habituelles, généralement consacrées au théâtre.
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« La Gioia » de Pippo Delbono au Théâtre du Rond-Point – troubles de présence pour dire une absence

Sur la scène du Théâtre du Rond-Point, Pippo Delbono annonce en personne, micro à la main, un spectacle en hommage à Bobò, un des membres emblématiques de sa compagnie. Un spectacle en forme de mausolée, intitulé « la joie ». Un spectacle qui commence sur une scène absolument vide et s’achève avec un tableau rococo débordant de fleurs, dans le style de Fragonard. Un spectacle qui travaille de multiples formes de présence pour contrer l’absence.
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« There » de la Compagnie Jo Strømgren – spectacle en creux

Le vendredi 20 octobre, a commencé le Festival International de Théâtre de La Havane, rendez-vous biennal qui réunit tous les aficionados du théâtre, professionnels comme amateurs, autour d’une programmation dense, comprenant les spectacles cubains les plus retentissants de ces derniers mois et des œuvres venues de l’étranger, en partenariat avec les ambassades. C’est dans ce contexte que la compagnie Jo Strømgren est venue de Norvège au Théâtre National, près de la Place de la Révolution, avec There. Le spectacle, qui date de 2001 et qui voyage depuis dans le monde entier, se situe à l’intersection de la danse et du théâtre, et sollicite une mémoire commune inarticulée et des strates de sensibilité souterraines, qui découvrent des mondes en partage.
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« Quand je pense qu’on va vieillir ensemble » des Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord

La dernière création des Chiens de Navarre, Quand je pense qu’on va vieillir ensemble, est un ensemble de saynètes composite à la Joël Pommerat, en moins écrit, moins réaliste et moins net du point de vue esthétique. Des situations types de la vie quotidienne sont explorées, entrecoupées par des passages au noir, dont le thème dominant est le déguisement du mal-être et des détresses individuelles par des codes sociaux qui entendent conformer à la norme.…

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