Étiquette : lumière

« L’Étang » de Robert Walser mis en scène par Gisèle Vienne à Points communs – adaptation ventriloque

L’Étang de Gisèle Vienne est de ces spectacles qui entretiennent un désir particulier avant leur découverte, à force d’être programmé, annulé, reporté – d’abord à cause du décès d’une actrice, Kerstin Daley, puis à cause du covid. Le spectacle est en outre chaque fois présenté pour quelques dates seulement aussitôt prises d’assaut, ce qu’explique entre autres la présence d’Adèle Haenel sur scène. La tournée touchait à son terme – pour cette saison du moins – à Pontoise, où s’est réuni un public nombreux. Comme espéré, L’Étang s’inscrit dans le sillage des précédentes créations de Gisèle Vienne, Jerk, This Is How You Will Disappear, The Ventriloquist Convention ou Crowd. L’artiste intègre cependant une nouvelle donnée à son geste artistique : un texte de Robert Walser, adapté à plusieurs mains. Le spectacle ne prend pas pour autant la forme d’une adaptation ; la relation au texte mise en place est plutôt de l’ordre de l’ingurgitation. Le travail mené sur les conditions d’appréhension du plateau impose une perception intra-utérine du texte qui produit une nouvelle expérience singulière – mais peut-être moins convaincante que les précédentes.
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« Kliniken » de Lars Norén, mis en scène par Julie Duclos au Théâtre de l’Odéon – condensé de désespoirs

Un an et quelques mois après la mort de l’auteur suédois Lars Norén, le Théâtre de l’Odéon présente l’une de ses pièces, Kliniken, dans une mise en scène de Julie Duclos. Il y a dix ans, Stéphane Braunschweig, alors directeur de la Colline, avait programmé Salle d’attente de Krystian Lupa, d’après Catégorie 3.1 du même auteur. Ces deux spectacles dialoguent dans la mémoire du spectateur, car tous deux offrent de longues fresques qui dressent le portrait de marginaux, ceux qui vivent dans la rue et se croisent dans les non lieux d’une ville d’une part, et ceux réunis dans un hôpital psychiatrique d’autre part. L’immersion que propose Julie Duclos dans l’institution médicale est douloureuse. Un condensé de détresses, de désespoirs et de dépressions nous attend, qui finit inévitablement par toucher mais qui amène à interroger la pertinence de monter ce texte aujourd’hui, alors que nos morals sont si fragiles.
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« Une lumière au cœur de la nuit : le lustre, de l’intime à la scène » de Georges Banu – Réverbérations d’une lecture

En 2009, Georges Banu faisait paraître Des murs… au Mur aux Editions Gründ. En 2015, La Porte, au cœur de l’intime, aux Editions Arléa. Cette dernière maison a offert à l’auteur une nouvelle opportunité d’écrire un de ces textes situés un peu à la marge de ses publications habituelles, généralement consacrées au théâtre.
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« Au-delà des étoiles, le paysage mystique de Monet à Kandinsky » à Orsay – du connu à l’inconnu

Jusqu’en juin, le musée d’Orsay propose dans l’espace qu’il consacre aux expositions temporaires un nouveau parcours thématique, intitulé Au-delà des étoiles, le paysage mystique de Monet à Kandinsky. La formulation ne ménage pas d’attente particulière, mis à part les noms brandis.…

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Extraits en miettes du « Journal » de Ionesco

Récits de rêves, opinions, souvenirs, réflexions morales, notes sur la littérature : ce Journal en miettes n’est pas un journal habituel, où seraient consignés, au jour le jour, les événements d’une vie. C’est, en quelque sorte, à une entreprise contraire que se livre ici Eugène Ionesco : raconter, non pas chaque jour ce qui arrive, mais chaque jour ce qui n’arrive pas.

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Notes et contre-notes sur « Jacques ou la Soumission » (2/3)

Jacques, une fois seul sur scène, se met en effet à parler, avec gravité, après un long silence qui marque une pause après le flux ininterrompu de parole auquel on a assisté. Il se demande « que me veut-on ? », exprimant le sentiment d’être tenu à quelque chose, débiteur par rapport à sa famille.…

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« Les Nègres » de Jean Genet au Théâtre de l’Odéon – « une architecture de vide et de mots »

Cinquante-cinq ans après la première des Nègres à Paris par Roger Blin, qui avait ravi Jean Genet, Robert Wilson propose sa propre représentation de la pièce au Théâtre de l’Odéon, dans le cadre du Festival d’Automne. L’œuvre de Genet étant entièrement composée de l’enchâssements et de la superposition des niveaux de fiction, qui complexifient sa compréhension, le matériau de départ est d’emblée délicat à manipuler.…

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« Autres rivages – Autobiographie » de Vladimir Nabokov [extrait]

Le berceau balance au-dessus d’un abîme, et le sens commun nous apprend que notre existence n’est que la brève lumière d’une fente entre deux éternités de ténèbres. Bien que celles-ci soient absolument jumelles, l’homme, en règle générale, considère l’abîme prénatal avec plus de sérénité que celui vers lequel il s’avance (à raison d’environ quatre mille cinq cents battements de cœur par heure).…

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