Étiquette : commentaire

« Institut Ophélie » d’Olivier Saccomano et Nathalie Garraud au T2G – Ophélie, balle rebondissante dans le flipper de l’histoire

Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, tous deux à la tête du Théâtre des 13 vents à Montpellier, présentent au T2G le deuxième volet d’un diptyque. Après Un Hamlet de moins, Institut Ophélie. Shakespeare apparaît comme un point d’entrée dans ces spectacles ; il est avant cela un point de départ pour Olivier Saccomano, auteur. Dans Institut Ophélie, le duo d’artistes joue avec les représentations que l’on a d’Ophélie, figure théâtrale devenue figure picturale, opératique ou encore cinématographique, et tisse à partir d’elle une réflexion sur les femmes, la place qu’elles occupent ou la place qu’on leur donne. La folie d’Ophélie, sa virginité et sa parole prophétique permettent ainsi de traverser tout le vingtième siècle et de rejoindre notre époque. Une traversée dans laquelle le discours est relégué à l’arrière-plan à la faveur d’associations libres, d’une réflexion vive et rebondissante. Cette relégation qui fait toute la poésie du spectacle prend appui sur le travail scénique de Nathalie Garraud, qui crée des visions d’une précision fascinantes et enrichit nos imaginaires de rythmes et de tableaux qui élargissent notre perception.
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« Poquelin II » des tg STAN à la Bastille – la puissance de jeu de Molière révélée par des Flamands ironiques

L’année Molière – dont le quadricentenaire de la naissance a été fêté de multiples manières ces derniers mois –, et plus largement l’année théâtrale 2022, se terminent en beauté avec Poquelin II, spectacle du tg STAN créé en 2018 et pour la première fois présenté à Paris, à la Bastille toujours. Le « II » du titre, qui inscrit ce spectacle à la suite d’un autre créé en 2003, annonce discrètement un diptyque, composé de L’Avare et du Bourgeois gentilhomme. Les deux comédies sont jouées l’une après l’autre, sans transition. Cette soirée deux en une fait prendre la mesure du talent du collectif, tout comme de la puissance de jeu du théâtre de Molière, dont le texte n’a jamais été aussi bien entendu que dans la bouche de ces Flamands.
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« It don’t worry me » du collectif Atresbandes, Bertrand Lesca et Nasi Voutsas au WET°6 – l’activité spectatrice en spectacle

It don’t worry me est un spectacle né de la rencontre d’une compagnie catalane, le collectif Atresbandes, et d’un duo franco-britannique formé par Bertrand Lesca et Nasi Voutsas. Il a été présenté dans le cadre du WET°6, festival consacré à la jeune création dont la programmation est prise en charge par un ensemble de jeunes artistes et de techniciens associés au CDN de Tours. Le choix de présenter ce spectacle démontre la maturité des organisateurs du festival, qui invitent avec lui à prendre du recul sur la création contemporaine et son rapport au public. En déconstruisant le geste artistique aussi bien que l’activité spectatrice, It don’t worry me prend la forme d’un long commentaire métathéâtral aussi humoristique que fin.
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« Le Grand Inquisiteur » de Sylvain Creuzevault d’après Dostoïevski à l’Odéon – Creuzevault, Christ ou Grand Inquisiteur ?

Après l’Allemand Frank Castorf, qui a adapté presque toutes les œuvres de Dostoïevski depuis 1999, c’est au tour de Sylvain Creuzevault de revenir avec obsession à cet auteur. En 2018, il se lançait avec Les Démons. En 2019, il adaptait pour quelques représentations seulement avec les étudiants du Théâtre National de Bordeaux L’Adolescent. Cette saison, il présente deux spectacles à l’Odéon : Le Grand Inquisiteur et Les Frères Karamazov. Tous deux sont étroitement liés : la "Légende du Grand Inquisiteur" est un des chapitres les plus célèbres des Frères Karamazov, une œuvre dans l’œuvre, un « poème » comme le présente Ivan Karamazov, qui court sur une vingtaine de pages. Ce morceau a déjà été isolés par d’autres metteurs en scène avant Creuzevault – par Peter Brook et Patrice Chéreau notamment –, mais le but n’est pas ici d’en donner une simple lecture théâtralisée. Le spectacle de plus d’une heure et demie prend la forme d’un dialogue avec ce texte, d’une mise en perspective historique et politique qui entend souligner la pertinence de la pensée de Dostoïevski.
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« Bajazet, en considérant le Théâtre et la peste » de Castorf à la MC93 – parcelles brillantes d’humanité au coeur du chaos

Alors que le corpus qu’il avait constitué au fil des ans le tenait à distance de la littérature française, l’Allemand Frank Castorf s’intéresse à Racine en cette fin d’année, après le Don Juan de Molière en 2018. Parmi ses pièces, il choisit Bazajet, tragédie de l’amour et du pouvoir, mais surtout tragédie de l’Orient, du sérail, des sultans et des esclaves. Contrairement à ses habitudes, Castorf précise néanmoins le titre de son spectacle : Bazajet, en considérant le Théâtre et la peste. Il annonce ainsi d’emblée lire Racine à la lumière d’Artaud – ou l’inverse. L’indication annonce également de manière plus implicite que le metteur en scène fait preuve dans ce spectacle d’une conscience aigüe de son art, qui le rend pleinement maître de ses moyens.
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« Le Relèvement de l’Occident : Blancrougenoir » de la Compagnie De KOE – pied de nez à trois mains

Il y a deux ans, la compagnie flamande De KOE s’était unie avec les tg STAN pour proposer My Dinner with André, d’après le scénario de Louis Malle. Ce travail commun était motivé par le partage de mêmes principes de création, tels que l’adresse au public ou la remise en jeu constante d’un semblant d’illusion.…

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« Confesiones » par le Grupo Yuyachkani – « My Life in Art »

Parmi tous les événements qui animent La Havane en ce mois de mai – le Festival du film français, le mois de la culture française, la biennale du design… – figure aussi le Mayo Teatral. Pour sa huitième édition depuis 2001, ce festival de théâtres d’Amérique latine et des Caraïbes met à l’honneur le « Grupo », la compagnie, le collectif, mode de création et de production majeur de cette région du monde.…

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« Orlando » de Virginia Woolf

Virginia Woolf dit d’Orlando dans son Journal que ce roman n’est qu’une farce, « une récréation d’écrivain ». Le sujet, le ton employé et même le style de cette œuvre l’isolent en effet au sein de sa création. De façon tout à fait étonnante, c’est même un nouveau visage de l’écrivain anglais que l’on découvre à travers cette œuvre, bien différent de celui que peuvent laisser transparaître La Promenade au phare, Les Vagues ou même Mrs Dalloway.…

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