Étiquette : point de vue

« Ombre (Eurydice parle) » d’Elfriede Jelinek mis en scène par Marie Fortuit aux Plateaux Sauvages – le cri des silencieuses

Marie Fortuit crée aux Plateaux Sauvages, Ombre (Eurydice parle), dernière œuvre écrite pour le théâtre par Elfriede Jelinek. Dans ce texte, l’autrice autrichienne qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 2004 procède à un nouveau renversement de perspective après Les Suppliants, pendant des Suppliantes d’Eschyle. Elle donne cette fois voix à Eurydice, afin qu’elle ne soit plus seulement l’amante d’Orphée. Aux Enfers, Eurydice se révèle une autrice empêchée, mise dans l’incapacité d’écrire par la musique assourdissante d’Orphée. La mise en scène extrêmement esthétique de ce texte interprété par Virgile L. Leclerc embrasse pleinement le déplacement proposé pour donner voix aux silencieuses.
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« Le moine noir » de Kirill Serebrennikov dans la Cour d’honneur du Palais des Papes – le diamant noir de la folie

L’édition 2022 du Festival d’Avignon est inaugurée dans la Cour d’honneur du Palais des Papes avec Le Moine noir. Après Les Métamorphoses d’Ovide, un scénario de Lars von Trier, Les Idiots, et le roman inachevé de Gogol, Les Âmes mortes, le metteur en scène russe s’empare cette fois d’une nouvelle de Tchekhov. Son adaptation, construite comme un crescendo, mène du réalisme au mysticisme, suivant une montée en puissance d’autant plus impressionnante qu’elle est imprévisible.
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« Grensgeval (Borderline) » de Guy Cassiers et Maud Le Pladec au Parc des expositions d’Avignon – une question de regard sur les réfugiés

Grensgeval (Borderline) réunit autour des danseurs du Conservatoire royal d’Anvers et de quatre comédiens deux artistes : Guy Cassiers d’une part, metteur en scène flamand qui vient des arts plastiques et dont l’art se distingue par l’emploi de la vidéo sur scène, et Maud Le Pladec, de l’autre, chorégraphe française.…

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« La Condition humaine » de Malraux – humain, pas assez humain

« Les mêmes chemins qui mènent l’individu au crime mènent la société à la révolution ». Telle était la thèse développée par Dostoïevski dans son roman les Démons selon le critique Berdaiev. La formule resurgit à l'esprit quand on lit La Condition humaine d’André Malraux. Dans cette œuvre, qui lui vaut de recevoir le Prix Goncourt l’année de sa publication, Malraux relate un épisode de la révolution chinoise, l’insurrection communiste de Shanghai, en 1927. Variant les points de vue, d’un personnage à l’autre, Malraux joue également avec les échelles. Dans cette œuvre, il fait coexister celle de l’individu, celle de la société, celle d’un pays ou encore celle du mouvement communiste de la Russie à la Chine – qui réduit l’homme à néant en le perdant de vue.
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« Les Démons » de Fiodor Dostoïevski

Quand le lecteur referme le troisième tome des Démons de Dostoïevski, il se sent essoufflé, comme vidé, mais également ébloui par l’épopée qu’il vient de traverser. Encore sous le choc, il lui faut revenir au point de départ de l’œuvre, à ses premières pages, qui semblent déjà un lointain souvenir, pour se ressaisir de sa lecture, reconsidérer le parcours effectué.…

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