« La Guerre n’a pas un visage de femme » de Svetlana Alexievitch – comprendre grâce au récit choral de femmes oubliées ce que ça veut dire, « faire la guerre »
En 2015, l’autrice biélorusse Svetlana Alexievitch s’est vu remettre le Prix Nobel de littérature pour « son œuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque ». Dès son premier texte publié en 1985, La Guerre n’a pas un visage de femme, l’autrice formée au journalisme a en effet inventé une manière d’écrire tissée d’innombrables témoignages mis en résonance. Cette forme d’écriture chorale lui a été inspirée par les récits de femmes russes qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale, qu’elle est allée interroger afin d’offrir une perspective inédite sur l’Histoire, essentiellement écrite au masculin, et donner ainsi pour la première fois une pleine perception de ce que c’est, la guerre.
Marie Fortuit crée aux Plateaux Sauvages, Ombre (Eurydice parle), dernière œuvre écrite pour le théâtre par Elfriede Jelinek. Dans ce texte, l’autrice autrichienne qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 2004 procède à un nouveau renversement de perspective après Les Suppliants, pendant des Suppliantes d’Eschyle. Elle donne cette fois voix à Eurydice, afin qu’elle ne soit plus seulement l’amante d’Orphée. Aux Enfers, Eurydice se révèle une autrice empêchée, mise dans l’incapacité d’écrire par la musique assourdissante d’Orphée. La mise en scène extrêmement esthétique de ce texte interprété par Virgile L. Leclerc embrasse pleinement le déplacement proposé pour donner voix aux silencieuses.



