« Bajazet, en considérant le Théâtre et la peste » de Castorf à la MC93 – parcelles brillantes d’humanité au coeur du chaos
Alors que le corpus qu’il avait constitué au fil des ans le tenait à distance de la littérature française, l’Allemand Frank Castorf s’intéresse à Racine en cette fin d’année, après le Don Juan de Molière en 2018. Parmi ses pièces, il choisit Bazajet, tragédie de l’amour et du pouvoir, mais surtout tragédie de l’Orient, du sérail, des sultans et des esclaves. Contrairement à ses habitudes, Castorf précise néanmoins le titre de son spectacle : Bazajet, en considérant le Théâtre et la peste. Il annonce ainsi d’emblée lire Racine à la lumière d’Artaud – ou l’inverse. L’indication annonce également de manière plus implicite que le metteur en scène fait preuve dans ce spectacle d’une conscience aigüe de son art, qui le rend pleinement maître de ses moyens.« Misterios y pequeñas piezas » de Carlos Celdrán – récit de (dé-)formation
Dans Misterios y pequeñas piezas, Carlos Celdrán passe une nouvelle fois sa vie au tamis du théâtre. Après le roman des origines, qui reconstituait la triade père-mère-fils et partant ainsi du plus intime atteignait le cœur de problématiques politiques dans Diez millones, le metteur en scène se penche cette fois sur sa formation et se demande comment apprendre d’un maître et comment s’en affranchir pour s’affirmer comme artiste à son tour. Ce récit s’élabore cette fois encore entre la table et le plateau, et travaille à innerver le vécu de fiction pour le rétablir de la distance et le rendre partageable.« Re : Walden » d’après Henry David Thoreau à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
Toute la démarche de Jean-François Peyret semble être contenue dans le titre de sa dernière création, à la fois familier et énigmatique : l’œuvre la plus célèbre d’Henry David Thoreau, précédée du « Re : » de nos e-mails. Le spectacle est donc annoncé comme une réponse à Thoreau, et à ce récit en particulier, par le biais de la technologie du XXe siècle.…
« La Prisonnière » de Marcel Proust
Dans la progression qui a guidé le lecteur le long des premiers tomes de la Recherche, La Prisonnière marque un ralentissement, presque une pause. Il n’est plus question d’initiation mondaine ou de conquêtes amoureuses ; le cadre de la narration se réduit, ici, aux aléas sentimentaux du héros pour Albertine.…