Portrait du critique de théâtre en témoin étonné – Georges Banu
Le recours au style normatif est coutumier dans les discours qu’on tient sur la critique : il y est toujours question de remèdes, de vitamines, de piqûres pour aider ce malade éternel à se remettre, quand on n’envisage pas purement et simplement l’euthanasie. La critique aurait besoin d’un modèle et il lui suffirait de s’en réclamer pour se rétablir. En réalité elle est incurable. Si j’écris sur la critique, ce n’est pas pour avancer des solutions mais seulement pour témoigner de ce que j’aime retrouver chez un critique, un critique tel que j’en rencontre rarement, un critique que je voudrais être. Le portrait idéal et l’autoportrait imaginaire. Je n’entends donc pas parler de la critique, mais du critique, non pas d’un corps de métier, mais d’une personne, non pas d’une progression, de ses stratégies et de ses devoirs, mais d’un être, de sa vie.« Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar
Marguerite Yourcenar doit sa réputation mondiale à ses Mémoires d’Hadrien, roman biographique consacré à la vie de l’empereur romain qui a régné au IIe siècle après JC. En érudite, elle collecte toutes les sources qu’elle peut pour reconstituer cette vie – textes, sculptures, lieux… – et y ajoute sa propre sensibilité dans une écriture qui la rapproche de son personnage.…
« Orlando » de Virginia Woolf
Virginia Woolf dit d’Orlando dans son Journal que ce roman n’est qu’une farce, « une récréation d’écrivain ». Le sujet, le ton employé et même le style de cette œuvre l’isolent en effet au sein de sa création. De façon tout à fait étonnante, c’est même un nouveau visage de l’écrivain anglais que l’on découvre à travers cette œuvre, bien différent de celui que peuvent laisser transparaître La Promenade au phare, Les Vagues ou même Mrs Dalloway.…
« La Prisonnière » de Marcel Proust
Dans la progression qui a guidé le lecteur le long des premiers tomes de la Recherche, La Prisonnière marque un ralentissement, presque une pause. Il n’est plus question d’initiation mondaine ou de conquêtes amoureuses ; le cadre de la narration se réduit, ici, aux aléas sentimentaux du héros pour Albertine.…