Le Théâtre du Centaure de Luxembourg s’empare de l’adaptation française d’Antoine Vitez pour monter la pièce de Sophocle, Electre. Si le matériau d’origine est prometteur, le projet est trop ambitieux et le résultat décevant.
Dans un décor muséal, qui distingue de façon efficace deux espaces, six comédiens évoluent, tout de noir et blanc. Outre leurs costumes, leurs visages sont blanchis et leurs yeux cernés de noir, ce qui les rend cadavériques. Dans cet univers atemporel, ils rejouent l’histoire des Atrides, sur le mode tragique, voire pathétique, avec la connotation négative que ce terme peut avoir.
Après une pantomime qui illustre l’amour bestial entre Egisthe et Clytemnestre et la soumission d’Electre, la douleur de cette dernière se fait entendre, et ce jusqu’à la dernière minute du spectacle. Elle pleure son père, Agamemnon, tué par sa mère et son oncle, Egisthe, désormais roi d’Argos.
Force et rythme caractérisent le texte de Sophocle, adapté par Vitez. C’est ce qui sauve la représentation et permet de supporter la décharge de cris et de pleurs des comédiens. Trop soucieux de coller au plus près aux émotions du personnage, ils en font trop, empêchant du même coup toute forme d’empathie de la part du spectateur.
De plus, la pureté à laquelle ils prétendent d’un point de vue scénique et esthétique est d’emblée mise en échec par un maquillage irrégulier des visages et des traces involontaires sur le décor en deux parties. Quant aux costumes, extrêmement caractérisés, outre leur unité de couleur, ils manquent d’harmonie : les frippes d’Electre côtoient le pseudo-chic parisien de sa sœur, Chrysotémis, et l’allure burtonienne d’Egisthe.
La belle adaptation de Vitez de ce superbe mythe ne trouve donc pas une réalisation satisfaisante sur la scène du Théâtre Notre-Dame, à notre plus grand regret.
F. pour Le Bruit du Off
Pour en savoir plus sur « Electre », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.