Le Théâtre de l’Odéon affiche en ce moment un Hamlet de Shakespeare, signé par Christiane Jatahy. L’artiste brésilienne ne reprend pas pour ce spectacle la mention « d’après » qui fait florès depuis de nombreuses années maintenant et qu’elle a elle-même pratiqué pour Julia d’après Mademoiselle Julie de Strindberg, What if they went to Moscow d’après Les Trois Sœurs de Tchekhov, La Règle du jeu, d’après le scénario du film de Renoir, Le Présent qui déborde d’après Homère, Entre chien et loup d’après Dogville de Lars von Trier, ou Depois do silencio d’après un roman d’Itamar Vieira Júnior… Depuis ses débuts, Jatahy ne fait que ça, adapter des œuvres du répertoire théâtral, des scénarios de film ou des textes de type narratif. Ici, croit-on un instant, elle s’en tiendrait simplement au Hamlet de Shakespeare. Et pourtant, elle signe la mise en scène, l’adaptation et la scénographie de ce spectacle, et le geste d’adaptation évoqué en passant se révèle en réalité central : elle transpose la pièce dans un contexte contemporain – au point de faire même référence à la date même du jour de représentation – et propose en outre une relecture féministe de l’œuvre. Mais le plus intéressant dans sa démarche réside dans ce qui peut ne paraître qu’une composante de cette entreprise d’adaptation : l’usage de quantité de tubes tout au long du spectacle, qui esquissent les contours d’une dramaturgie par ailleurs flottante.