Étiquette : indiscipline

« True Copy » du collectif BERLIN au Théâtre de Châtillon Clamart – fascination de la mystification

Le collectif BERLIN, régulièrement invité en France depuis quelques années, revient accueilli dans le cadre du Festival OVNI coorganisé par Malakoff Scène nationale, le Théâtre de Vanves et le Théâtre de Châtillon-Clamart, festival consacré à des spectacles « indisciplinés », ou indisciplinaires. Cette catégorie qui se définit par la négative correspond bien au travail du collectif anversois, qui parfois se passe de la présence d’acteurs et actrices sur scène et s’appuie sur la technologie pour offrir des portraits de villes ou de personnes qu’il a rencontrées. Dans Perhaps all the dragons…, Bart Baele et Yves Degryse proposaient au public d’écouter six histoires, confiées en tête-à-tête par écrans interposées. Parmi les trente possibles, toutes extraordinaires, seule une était fausse. L’une d’elle était celle du maître faussaire Geer Jan Jansen, dont la trajectoire a donné l’inspiration pour ce spectacle, True Copy. Une réflexion sur ce que l’on décrète vrai ou faux, au musée et au théâtre, qui révèle notre goût profond pour la mystification.
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« مِلْك MILK » de Bashar Murkus à L’Autre Scène du Grand Avignon – monument à la gloire des mères en temps de guerre

Après Le Musée l’année dernière, le metteur en scène palestinien Bashar Murkus a de nouveau été invité à Avignon avec مِلْك MILK, présenté à Vedène. Dans le programme du Festival, مِلْك MILK porte deux étiquettes : « spectacle » et « indiscipline ». La première permet de distinguer les spectacles des concerts, expositions et lectures que comprend également la programmation. La deuxième caractérise le spectacle par élimination : ce n’est ni du théâtre, ni de la danse, ni de la performance. Quoique le spectacle ne provoque pas un bouleversement total des cadres d’appréhension, que le travail de Castellucci nous y ait préparé de loin en loin, la classification paraît juste. مِلْك MILK s’apparente à une grande fresque plastique, un tableau mouvant sans paroles qui offre des images permettant de penser les deuils impossibles des mères et des enfants.
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« The Great Tamer » de Dimitris Papaioannou à la FabricA – sur la crête du sensible

Parmi les nombreuses manifestations rassemblées pour le Festival d’Avignon, il y en a qui lui sont propres, quoi qu’elles ne le définissent pas. Ce sont ces formes hybrides rassemblées dans la catégorie « Indiscipline », catégorie vaste et un peu malicieuse qui s’extrait des distinctions génériques et mêle le théâtre, la danse et la performance. L’œuvre de l’artiste grec Dimitris Papaioannou, The Great Tamer, créée en mai à Athènes et présentée à la FabricA, fait partie de ces spectacles, comme Espæce l’an passé, ou À mon seul désir de Gaëlle Bourges, qui illustrent la pertinence de cette catégorie transversale, qui déplace les lignes de la perception. À défaut d’un nom d’auteur, d’un titre de texte, la seule indication qui précède la découverte de l’œuvre est la suivante : « certaines scènes du spectacle comportent de la nudité ». Ce qui pourrait passer pour une revendication de modernité se révèle rapidement une nécessité : comment proposer une genèse de l’homme sans en passer par sa nudité première ? La genèse du « grand dompteur » d’images Papaioannou n’est pas biblique, ni historique, mais rêvée, onirique ; une genèse qui se passe du langage et laisse ainsi une part indécidable de subjectivité dans sa lecture – quoiqu’elle paraisse limpide.
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