Étiquette : contradictions

« La Bombe humaine » de Vincent Hennebicq et Eline Schumacher au Théâtre des Doms – ouvrir sur scène la boîte de Pandore de notre conscience écologique

Alors que La Bombe humaine est annoncé comme un spectacle sur la catastrophe écologique, la scène du Théâtre des Doms est recouverte de cotillons et de confettis. Mais qui a déjà cherché des décorations de fête non sans quelques scrupules d’acheter des consommables notera que celle-ci sont en papier crépon, et non en plastique. Ces premières réflexions en attendant le début du spectacle nous immergent d’emblée dans les questions qui seront soulevées ici, celles qui nous taraudent et composent désormais notre quotidien : notre éco-anxiété, nos compromis, nos dilemmes, nos inquiétudes et nos faibles espoirs – en deux mots, la boîte de Pandore de notre conscience écologique. Malgré les titres des chapitres qui composent le spectacle, le propos tissé n’est pas catastrophiste, ni non plus utopiste. Eline Shumacher et Vincent Hennebicq se tiennent sur le fil, au plus près de nos oscillations intimes.
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« Le Pays lointain » de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par Clément Hervieu-Léger – au coeur des contradictions de l’oeuvre ultime

Le Pays lointain, spectacle de Clément Hervieu-Léger créé en septembre 2017, est présenté ce mois-ci à l’Odéon. Dans la même salle, il y a quelques mois à peine, Christophe Honoré faisait revivre sa famille artistique idéale dans Les Idoles, dont les membres n’étaient pas unis par le sang mais par le même virus du sida. Pour cette œuvre, Honoré assumait pleinement une situation de discours improbable : les morts venaient en tant que morts parler au public bien vivant, et les acteurs passaient d’une identité à l’autre selon la simple envie du metteur en scène. Cette cérémonie funéraire avait lieu dans un espace indéfini, qui évoquait un couloir de métro. Une continuité s’impose d’emblée avec le décor de Pays lointain : c’est cette fois un parking qui occupe la scène, occupé par une voiture désossée et une vieille cabine téléphonique. Là où Lagarce était un des personnages d’Honoré, il est maintenant invoqué en tant qu’auteur, mais avec une œuvre à forte charge autobiographique déjà abordé dans Les Idoles.
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« L’Adolescent » de Dostoïevski – Confession aveugle d’un enfant du XIXe siècle

Quelques années avant Les Frères Karamazov, Dostoïevski commence un nouveau grand roman, L’Adolescent. Pour cette œuvre, il fait un choix radical, qui déjà le tentait pour Crime et châtiment : la forme qu’il choisit est celle de la confession, qui transforme l’adolescent qui donne son titre à l’œuvre en narrateur de l’histoire emmêlée qu’il imagine. La voix qui s’exprime alors est semblable à beaucoup d’égards à celle des Carnets du sous-sol– à la nuance près que ces carnets-là représentent deux gros volumes de près de mille pages en tout. Limitée à cette seule perspective, toute l’écriture de l’œuvre résulte profondément déterminée par ce parti-pris. Renonçant à la polyphonie à laquelle on attribuera en grande partie le caractère moderne de ses autres grands romans, Dostoïevski (s’)immerge dans la perception de son personnage, dont les contradictions sont particulièrement exacerbées alors qu’il est en pleine formation.
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« Le Retour du tragique » de Jean-Marie Domenach [extrait] – éloge de l’ambigüité, de la contradiction, de l’indécision

La tentation est grande d’opposer au mouvement du monde nos principes inamovibles. Curieusement : c’est que ce demande aux intellectuels une société en plein changement : des doctrines stables, où les énigmes trouvent leur solution, les peines leur consolation. On connaît le succès des grands systèmes rassurants : le teilhardisme succède dans cet emploi au marxisme qui donne un moment à notre jeunesse la griserie de tout intégrer, de tout comprendre.…

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