La Compagnie Demain On Déménage propose à l’Essaïon Théâtre une mise en scène du texte d’Harold Pinter, Trahisons. Le prix Nobel britannique revisite de façon inattendue et originale la relation triangulaire entre une femme, son mari et son amant. Malgré cette base attrayante, le spectacle ne réussit pas à transporter son public.
Quelques années après la fin de leur longue relation extraconjugale, un homme et une femme se retrouvent pour boire un verre. Celle-ci lui annonce qu’elle se sépare de son mari, qui l’a trahie pendant des années. Les masques tombés, la vérité éclate.
Pour autant ces révélations ne déclenchent pas les cris et les larmes attendus, le sentiment de trahison ou de désespoir. Le défaitisme silencieux des trois adultes est au contraire encore plus violent. A partir de cette première scène, la pièce se structure de façon originale, à travers de courts épisodes qui remontent le cours du temps.
Les révélations et non-dits qui rythment cette histoire en plusieurs chapitres, plutôt que de mener au naufrage et à la douleur, ramènent au bonheur et à l’insouciance des premiers temps. C’est comme si les amants étaient restés à la table du bar où ils se sont retrouvés, et qu’ils se souvenaient du passé.
Le décor, succinct, porte la marque du passé. Le lit, le fauteuil et la table sont recouverts de draps blancs, sur lesquels se rejouent les scènes. Cette extrême simplicité permet de suggérer le bar, le restaurant, l’hôtel ou l’appartement. De l’un à l’autre, les transitions se font grâce à des passages au noir peu inventifs, et qui auraient pu être comblés par des effets sonores plus francs.
La faiblesse de l’ensemble tient au temps que prennent les comédiens à donner du contour à leurs personnages. La multiplicité des registres invoqués souligne les décalages d’aisance, et le mode tragique est loin de convenir à tous. Si Delphine Lalizout et Raphaël d’Olce finissent par satisfaire, Rodolphe Delalaine reste malheureusement en-deçà.
F. pour Le Bruit du Off
Pour en savoir plus sur « Trahisons », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.