La Compagnie le Théâtr’On et le metteur en scène Serge Dekramer proposent à l’Espace Saint-Martial une adaptation du récit de Vercors, « Le Silence de la mer ». Comme son titre peut le laisser présager, ce texte paru en 1942 pose plus d’un défi à la scène.
En pleine Seconde Guerre mondiale, un homme et sa nièce se voient forcés d’accueillir chez eux un officier allemand. A défaut de s’y opposer et pour ne pas non plus être accusés de collaborer, ils prennent le parti de s’emmurer dans le silence, de faire comme si l’étranger n’était pas là.
Ce mutisme qui pèse, page après page, jour après jour, uniquement rompu par les considérations exaltées de l’officier sur la France et sur l’avenir de l’Europe, est loin d’effrayer les comédiens. Au contraire, ils jouent le jeu et l’assument pleinement.
En apparence, il n’y en a donc qu’un sur trois qui prend la parole. En apparence seulement, car les mains, les postures et les regards des deux autres en disent parfois plus long que bien des discours. Leurs sentiments se communiquent avec force, dans toute leur ambiguïté et leurs contradictions.
Comme l’officier, le public s’invite dans l’intérieur cosi des Français, reproduit sur un mode réaliste. Des détails parfois infimes du roman se retrouvent sur scène, en toute délicatesse. Ainsi, le tricot de Mélanie Le Duc, particulièrement imprégnée de son rôle, hypnotise, tandis que Joël Abadie déclame bravement son texte.
Dans le tumulte des rues d’Avignon, ce spectacle rend hommage au silence, dans sa puissance et son pouvoir évocateur. Le pari est audacieux et largement remporté.
F. pour Le Bruit du Off
Pour en savoir plus sur « Le Silence de la mer », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.
J’ai lu ce roman quand j’étais lycée j’avais beaucoup aimé…
Mais lire une critique de son adaptation théâtrale signée La Parafe est encore mieux !