Tout droit venue d’Italie, la Compagnie Teatro Picaro partage avec nous un grand moment de Commedia dell’arte, un vrai !
Ce style de théâtre populaire du XVIe siècle est avant tout fondé sur un rapport complice avec le public. Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini le savent parfaitement et en font le fondement de leur spectacle. Celui-ci est ainsi structuré autour du récit de ce qui les a amenés à devenir jongleurs. De la jonglerie, on ne voit pas, mais des mimes et des farces, cela oui !
L’un aveugle, l’autre estropié, les deux se trouvent et se superposent pour former un monstre à quatre bras. Ravis de leur arrangement, ils sont victimes des miracles de Jésus, le jour même de sa crucifixion. Une fois la vue et la faculté de se déplacer retrouvées, ils découvrent l’horrible réalité et viennent en accuser le Christ agonisant.
Cette relecture peu conventionnelle des Écritures est ponctuée d’une foule de détails pittoresques et d’anecdotes hors sujet. Des thèmes aussi grands que la misère et l’amitié sont ainsi abordés, avec humour mais non sans profondeur.
A force de pantomimes, de jeux de mots, de cabrioles et de grimaces extrêmement expressives, le comique est exploré sous toutes ses formes. Les deux compères dépensent une folle énergie au service de la fable, et c’est grâce à cette générosité qu’ils peuvent se contenter sur scène d’une simple toile de fond et d’une guitare.
Le public se laisse conduire par le bout du nez et se découvre des capacités à comprendre le franlien ou l’itaçais. Comme ils le confessent, sans les rires et les applaudissements récurrents des spectateurs, ce ne serait pas pareil. En somme, on partage avec ces deux comédiens et nos pairs un pur moment de joie brute, qui libère l’esprit et fait travailler les abdos.
F. pour Le Bruit du Off
Pour en savoir plus sur « Fabula buffa », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.
Belle critique qui suscite l’envie de se précipiter.