Concernant le spectacle d’Yves Sauton à partir du texte de Sophocle, Antigone, on peut véritablement parler de revisitation. Le sublime mythe antique est exploré à travers une esthétique orientale qui fait appel au kung-fu et au théâtre masqué. Une mise en scène très esthétique malgré quelques bévues.
Les premières minutes de la représentation sont révélatrices de l’ensemble : la gestuelle précède la parole. Le rideau s’ouvre sur le combat d’Etéocle et Polynice, les deux frères d’Antigone, qui se disputent le trône de Thèbes. Suivant une chorégraphie dense, leurs sabres et leurs corps tournés vers le public, ils s’entretuent.
Le masque de Polynice devient sur le plateau la métonymie de son corps privé de sépulture, selon l’ordre proclamé par Créon, nouveau roi de Thèbes. S’ensuit la désobéissance d’Antigone, le bras de fer entre la loi des hommes et celle des dieux, et la mort conséquente de la plupart des protagonistes, par châtiment ou désespoir.
Le texte passe au second plan dans cette mise en scène, parfois étouffé par une bande-son trop importante, surtout en début de spectacle. Ce sont davantage à travers les corps qu’est menée la réflexion sur le pouvoir, ces corps surmontés de masques plus ou moins convainquants. Seule Antigone, Hélène Péquin, reste le visage nu et nous offre la richesse de ses expressions.
Ce qui apparaît dans ce spectacle, est que le héros est moins celle-ci que Créon. C’est autour de lui que se réunissent le chœur antique et les Euménides, savamment représentés, c’est à lui que s’en remettent les gardes, bouffons qui apportent de la légèreté dans cette tragédie, c’est sur lui que s’acharne véritablement le malheur in fine.
Outre le masque de ce héros véritable, qui rappelle celui de Scream, ce spectacle nous offre quelques moments esthétiques saisissants. L’enfermement et la mort dansés d’Antigone, en noir et blanc, en est un qui suffit à lui seul à emporter l’adhésion des spectateurs venus jusqu’à la Fabrik’Théâtre.
F. pour Le Bruit du Off
Pour en savoir plus sur « Antigone », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.
A priori on aurait du mal à imaginer ce très beau texte de Sophocle accompagné de danse, mais pourquoi pas finalement…?