« Alabama Song » de Gilles Leroy

Le prix Goncourt 2007 a plusieurs mérites. Non seulement c’est un bel hommage à Zelda Fitzgerald, la « femme de », mais encore,  il donne une irrépressible envie de lire ou relire Gatsby le Magnifique et Tendre est la nuit.

Gilles Leroy ne prétend pas du tout écrire une biographie de celle qu’il admire. Il le précise bien et c’est ce qui lui permet d’aborder le personnage en toute liberté. A la fois il y a fusion avec le personnage dans l’écriture, et à la fois il y a une distance, un recul, qui grandit Zelda.

Sa vie est à l’image des romans de F.S. Fitzgerald. Ou peut-être est-ce le contraire. Ça commence avec une histoire d’amour comme tout le monde en rêve, et ça finit dans l’alcool et dans l’angoisse. C’est la Passion avec un grand P, teintée de folie et de violence.

Dans cette ambiance si particulière des Etats-Unis du Sud, où les caractères sont fougueux et pleins, Zelda évolue dans l’ombre de son mari. Elle enchaîne les scandales pour qu’on ne l’oublie pas, et  perd peu à peu de son lustre. L’ordre n’est pas chronologique : la narration est alternée entre récits contemporains à l’action et retours sur le passé, quand elle s’adresse à son psychiatre.

On y découvre, ou du moins entrevoit, les sentiments contradictoires qu’elle a pour son mari, l’amour serein (et peut-être rêvé) avec un aviateur sur une plage, ses heures passées à cacher ce qu’elle écrit aux yeux de son mari, ses talents oubliés…

Elle est brusque et attachante. Si l’on en veut plus, il faut aller se ressourcer dans Tendre est la nuit. Et si ce n’est pas encore assez, il y a Accordez-moi cette valse, son roman autobiographique.

L’histoire de ce couple mythique surgit comme une tempête dans le silence de la lecture.

F.

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