Étiquette : Zola

« Le Baiser comme première chute » d’Anne Barbot au Théâtre de Châtillon – spectacle des ravages de l’alcoolisme

Alors que tourne en ce moment La Terre, sa dernière création, Anne Barbot reprend de manière concomitante son avant-dernier spectacle, Le Baiser comme première chute, autre adaptation d’un autre roman de Zola, L’Assommoir. Le titre, inspiré par une phrase issue du chapitre V, indique une lecture de l’œuvre, une manière de s’emparer d’elle par un endroit bien précis. En réalité non pas tant le motif du baiser comme chute, qui peut servir à retracer plusieurs moments importants de la trajectoire de Gervaise, que la seule relation de Gervaise et Coupeau. Le couple est soutenu par la présence en mineur de Nana, et ils ne sont ainsi que trois sur scène, non pas pour rendre compte du roman mais pour développer sur scène l’un de ses motifs les plus marquants : celui de la chute dans l’alcoolisme.
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« Les Chroniques » d’Éric Charon au TGP – « qui trop embrasse mal étreint »

Au Théâtre Gérard-Philipe est créé un spectacle d’Éric Charon, membre du collectif In Vitro et acteur fidèle de Julie Deliquet qui dirige les lieux. Les Chroniques est l’adaptation non pas d’un mais deux romans de Zola, L’Assommoir et La Bête humaine. Ces œuvres sont liées l’une à l’autre par le personnage de Jacques Lantier, héros de la seconde et fils de Gervaise, héroïne de la première. L’attelage laisse donc présager une reconduction sur scène de la réflexion menée par Zola sur l’hérédité. Ce projet ambitieux a de grandes qualités, mais « qui trop embrasse mal étreint », proverbe qui ne s’applique pas seulement au meurtrier qu’est Jacques Lantier.
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« LOVE » d’Alexander Zeldin à la Commune d’Aubervilliers – informer la sensibilité grâce à une représentation naturaliste du réel

Alexandre Zeldin, jeune artiste britannique, est accueilli en France depuis 2018. Le succès que rencontrent ses spectacles amène à reprendre, déjà, le premier avec lequel il a été accueilli en France il y a quatre ans, LOVE, spectacle alors présenté au sein de la trilogie The Inequalities dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, et cette fois présenté à la Commune d’Aubervilliers. Alors qu’il nous avait transporté au cœur d’un Ehpad l’an dernier, avec Une mort dans la famille, Zeldin nous immerge cette fois dans un hébergement d’urgence pour familles et individus expulsés de chez eux, en attente d’une solution de relogement pour éviter la rue. Dans cet espace à la fois intime et collectif se croisent plusieurs personnages. Près de 150 ans après Zola qui appelait de ses vœux un théâtre naturaliste afin que le drame agonisant de son époque devienne « moderne et réel », Zeldin paraît réaliser l’ambition que formule le maître du naturalisme au moment où il adapte Thérèse Raquin : « j’ai tenté de ramener continuellement la mise en scène aux occupations ordinaires de mes personnages, de façon à ce qu’ils ne jouent pas, mais à ce qu’ils vivent devant le public ».
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« Thérèse Raquin » de Zola [extrait]

Chapitre XIII

Le lendemain, Laurent s’éveilla frais et dispos. Il avait bien dormi. L’air froid qui entrait par la fenêtre fouettait son sang alourdi. Il se rappelait à peine les scènes de la veille ; sans la cuisson ardente qui le brûlait au cou, il aurait pu croire qu’il s’était couché à dix heures, après une soirée calme.…

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Thérèse Raquin :
de la nouvelle au film en passant par le roman et la pièce,
 du silence à la parole

En 1865, Zola publie une nouvelle dans le Figaro, intitulée « Un mariage d’amour ». Dans ce court récit se trouve en germe l’un de ses romans les plus connus, Thérèse Raquin. Avec l’histoire dramatique d’un couple d’amants hanté par le mari de la jeune femme qu’ils ont tué pour vivre leur amour, Zola crée un personnage féminin fascinant par son silence et le mystère qui en découle.…

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Notes et contre-notes sur « Jacques ou la Soumission » (1/3)

« L’explication linéaire est une lecture en haute tension et
en profondeur, qui développe l’aptitude à la jouissance ».

C’est la phrase que nous avait dite un professeur génial, qui avait trouvé le moyen de donner tout son sens à un exercice que l’on nous avait empêché de faire toute notre scolarité malgré l’intuition et le désir qui nous y portaient.…

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