Étiquette : parabole

« Oui » de Célie Pauthe aux Ateliers Berthier – nous pauvres porcs-épics

Les Ateliers Berthier accueillent les retrouvailles de Célie Pauthe et Claude Duparfait autour d’un auteur qu’ils ont déjà adapté ensemble, il y a douze ans : Thomas Bernhard. Après leur mémorable Des arbres à abattre, roman dont s’était également emparé Krystian Lupa deux ans plus tard, le duo adapte un texte moins connu de l’auteur autrichien, et plus court, dans son titre et son format : Oui. Un titre qui retentit comme une affirmation positive, une promesse, un engagement solennel. Mais gare aux apparences : il s’agit bien d’un texte de Bernhard, qui passe une nouvelle fois au scalpel les relations humaines et en révèle de manière impitoyable les aspects les plus cruels et les plus sombres – d’autant plus sombres qu’il en envisage aussi, pour une fois, certains aspects lumineux.
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« Entre chien et loup » de Christiane Jatahy à la Comédie de Caen – actualisation manichéenne de la parabole de Lars von Trier

La dernière création de Christiane Jatahy, Entre chien et loup, a été programmée pour quelques dates à la Comédie de Caen, dans le cadre du festival « Les Boréales » qui met à l’honneur les liens que la Normandie entretient avec les pays nordiques. La metteuse en scène est d’origine brésilienne, mais elle adapte dans ce spectacle le film du danois Lars von Trier, Dogville. Le projet semble se justifier d’emblée : le film est un huis clos déployé dans un décor minimal, qui évoque un plateau de théâtre par quelques traits dessinés au sol pour distinguer les différents espaces qui composent une ville. Ce rapprochement posé, il ne suffit pas de refaire sur scène ce qui a été fait de manière magistrale à l’écran, il faut qu’une ambition profonde sous-tende le projet d’adaptation. Celle de Jatahy est de lire la parabole de Trier au travers de la situation actuelle du Brésil, et plus largement du contexte ambiant de la montée du fascisme dans le monde. Le risque d’aplatir un récit allégorique particulièrement puissant en l’appliquant à une situation précise apparaît d’emblée. Il n’est pas contré par une acuité du propos de la metteuse en scène sur le temps présent, « qui déborde » comme elle le disait elle-même dans une précédente création. Ne reste qu’à observer l’effet produit par l’emploi de la vidéo sur le jeu des acteurs, qu’à sonder le trouble produit par la coprésence des corps et de leur image filmée.
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