Étiquette : Festival d’Avignon

« Le Sommet » de Christophe Marthaler à la FabricA – expédition en absurdie

Une certaine nostalgie des années 2010 semble s’exprimer au travers de la programmation du Festival d’Avignon : Ostermeier, Anne Teresa de Keersmaeker, Christoph Marthaler… Après dix ans d’absence, ce dernier est réinvité à la FabricA avec Le Sommet, créé il y a quelques semaines au Piccolo Teatro de Milan. Ce spectacle est né de la collaboration de trois pays coproducteurs – la Suisse, l’Italie et la France – et réunit des acteurs et actrices de différentes nationalités qui parlent le français, l’italien, l’allemand, l’autrichien et l’anglais. Le groupe constitué offre l’image d’une vieille Europe réfugiée au sommet d’une montage, et semble désigner sur un mode tendre et comique la désuétude de cette union dont les idéaux sont chaque jour mis à l’épreuve par l’actualité.
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« Prélude de Pan » de Clara Hédouin dans la Plaine de l’Abbaye – culture diversifiée dans le champ théâtral

Avignon 2023, Clara Hédouin était programmée avec Que ma joie demeure, spectacle déambulatoire inspiré par l’œuvre de Jean Giono. Avignon 2025, Clara Hédouin est programmée avec Prélude de Pan, spectacle déambulatoire inspiré de l’œuvre de Jean Giono. La redondance est symptomatique de cette programmation, moins soucieuse de promouvoir des créations d’artistes inconnus que de recycler des artistes bien en place dans le paysage contemporain, voire dans l’histoire du théâtre contemporain (Ostermeier, Marthaler, Anne Teresa de Keersmaeker, Milo Rau…). Ce spectacle créé en 2021 (qui confirme l’impression que Tiago Rodrigues a totalement renoncé à l’idée de ne présenter que des créations) est issue de la forme longue qu’était Que ma joie demeure. C’est une sorte de bouture qui présente de nombreuses similitudes avec la plante mère, mais qui s’est développée jusqu’à devenir autonome et prendre la forme d’un plaidoyer pour la culture de diversification, jusque dans sa forme même.
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« Absalon, Absalon ! » de Séverine Chavrier au Théâtre de l’Odéon – Faulkner samplé

Plusieurs mois après sa création à Avignon, et après quelques dates en début d’année à la Comédie de Genève que la metteuse en scène dirige, Absalon, Absalon ! est repris à l’Odéon pour une longue série. Séverine Chavrier mobilise une grande distribution et des moyens techniques conséquents pendant cinq heures de spectacle pour adapter le roman du même titre de William Faulkner, de plus de 400 pages. Après s’être intéressée à l’écriture de Thomas Bernhard dans deux spectacles, dont une adaptation de La Plâtrière, elle revient à l’auteur américain qu’elle a côtoyé dix ans plus tôt pour Les Palmiers sauvages. Ce parcours confirme son attirance pour les écritures qui défient la scène, écriture qu’il s’agit moins de transposer que de traduire dans un langage scénique hybride. De cette façon, Chavrier met le public au contact non de la langue de Faulkner, ni non plus directement de l’histoire que contient l’œuvre de manière enfouie, mais de ce qui relève plutôt de l’expérience singulière de sa lecture, faite de résistance et de fascination.
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« Quichotte » de Gwenaël Morin dans le Jardin de la rue de Mons – de l’importance de croire

Depuis Le Songe l’an dernier, rendez-vous est pris dans le Jardin de la rue de Mons avec Gwenaël Morin, invité pendant quatre ans à créer un spectacle en rapport avec la langue du Festival d’Avignon invitée. Cette année, le metteur en scène choisit un monument, si ce n’est le monument de la littérature de langue espagnole : Don Quichotte de Cervantès. Une de ces œuvres que tout le monde connaît sans même l’avoir lue, dont les personnages sont familiers, dont certaines scènes sont inlassablement reprises, mais que finalement très peu de monde a effectivement lue in extenso. Le projet de Morin promet ainsi la rencontre, ou au moins une rencontre avec cette œuvre. Pour s’en emparer, le metteur en scène réunit une équipe qui n’est pas historiquement la sienne, celle du Théâtre Permanent, comme l’an dernier. Il prend le parti de la célébrité et engage une tête d’affiche : Jeanne Balibar. Et une autre tête d’affiche, plus discrète mais tout aussi grande pour les gens de théâtre : Marie-Noëlle (ex Yves-Noël Genod). À leurs côtés, Thierry Dupont et Léo Martin, en alternance avec lui-même. Ils sont donc quatre pour ce roman de quelques mille pages qui fourmille de personnages, et cette disproportion paraît caractéristique de Morin. Cette œuvre, en ce lieu, avec ces artistes, retentissaient comme une promesse. Une promesse hélas non tenue, mal tenue, qui révèle l’importance de croire.
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« Intérieur » de Claude Régy à la Maison de la Culture du Japon – The Sound of Silence

Après deux solos tous deux inspirés par l’œuvre du norvégien Tarjei Vesaas, Claude Régy reprend une de ses créations passées, Intérieur, d’après le drame de Maurice Maeterlinck. Sollicité par le directeur du théâtre de Shizuoka, il revient à ce spectacle vingt-neuf ans plus tard et initie des comédiens japonais à son art.…

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