Étiquette : fascisme

« L’Esthétique de la résistance » de Sylvain Creuzevault, d’après Peter Weiss, à la MC93 – résistance par l’esthétique

Après une création remarquée au TNS, en mai dernier puis quelques dates à Montpellier, L’Esthétique de la résistance de Sylvain Creuzevault est programmé à la MC93, quelques semaines après Edelweiss [France Fascisme], conçu dans après coup comme un pendant du premier. Ce spectacle, imaginé pendant le confinement et né de la rencontre du metteur en scène avec le Groupe 47 de l’École du TNS, porte tout à la fois la marque de ce mûrissement et de cette vaste collaboration, qui a impliqué des élèves issus des sections jeu, mise en scène-dramaturgie, scénographie-costumes et régie-création. Les 5h30 de spectacles, divisées en trois parties correspondant aux trois livres qui composent l’ample roman de Peter Weiss, constituent un tour de force qui démontre encore la puissance que confère un ferment romanesque à une création théâtrale, par comparaison avec Edelweiss [France Fascisme].
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« Catarina ou la beauté de tuer des fascistes » de Tiago Rodrigues aux Bouffes du Nord – confronter les extrêmes, au péril du théâtre et de la pensée

Plusieurs spectacles de Tiago Rodrigues animent cette rentrée théâtrale : Dans la mesure de l’impossible aux Ateliers Berthier, Chœur des amants et Catarina ou la beauté de tuer des fascistes aux Bouffes du Nord. Les deux plus récents signalent un tournant politique dans la trajectoire du metteur en scène, jusque-là plutôt préoccupé de littérature (Bovary, The Way She Dies), d’offrir au théâtre son propre reflet (Sopro) ou d’explorer les fragilités du couple (The Way She Dies à nouveau et Chœur des amants). Tiago Rodrigues, nouveau directeur du Festival d'Avignon, semble désormais mettre son écriture et sa science du théâtre au service de sujets d’actualité plus ou moins sensibles : l’action humanitaire et le fascisme. Dans Catarina il aspire certainement à atteindre la complexité et la nuance que ses mises en abyme permettent d’ordinaire, et il donne l’impression d’y parvenir au début de Catarina. Mais il a beau multiplier les renversements, les infinies teintes de gris qui séparent le noir du blanc sont délaissées. Son art théâtral, pourtant brillamment mis en œuvre au début du spectacle, se trouve englouti par des discours extrêmes qui congédient la réflexion.
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