
Après Jours de joie d’Arne Lygre en 2022, Comme tu me veux de Luigi Pirandello en 2021 et Iphigénie de Racine en 2020, Stéphane Braunschweig revient à ce dernier et à la guerre de Troie avec Andromaque. Ce n’est que le troisième texte de Racine que le metteur en scène monte depuis Britannicus en 2016, alors que son identité artistique est fortement constituée par la mise en scène des classiques, qu’il fait partie des rares artistes, dans le paysage actuel, qui s’y mesurent sans les adapter ou les confronter à d’autres textes. Avec l’équipe qui lui est fidèle, il propose donc le texte de Racine seul et intégral, dans une scénographie sur laquelle repose, comme à son habitude, une grande partie de sa dramaturgie. Sans en avoir l’air, Braunschweig produit cependant un effet de relecture profond de la pièce de Racine, qui n’apparaît plus comme une tragédie classique qui puise dans un matériau épique antique pour démontrer à partir de lui les lois implacables de la fatalité, mais comme un reflet sinistre – au sens racinien du terme – de notre époque et de nos passions destructrices.