« Déjà là » d’Arnaud Michniak et Aurélia Guillet à la Colline

A partir d’entretiens et d’improvisations mis en texte par Arnaud Michniak, Aurélia Guillet explore les relations aussi bien politiques qu’intimes d’un groupe de quatre individus. Sans trame narrative ni progression, il s’agit de faire entendre des cris d’impuissance.

Le spectateur est en position d’observation. Avant même que le spectacle ne commence, alors que le public prend place, les comédiens, maintenus à distance par un voile translucide, évoluent sur le plateau. Ils ne parlent pas mais font des gestes, plus ou moins significatifs, entre les étirements qui précèdent la performance et une amorce de la colère à venir.

Le voile ne se relève pas tout de suite. Avant les corps, une introduction est donnée par des images de ville, des sons perceptibles mais non explicites et une voix off. Elle annonce ce qui sera repris par les personnages comme un refrain : ils sont des mutants qui ne trouvent pas le moyen d’agir. Ce contre quoi ils se révoltent n’est pas clair – ou peut-être trop évident pour être signalé.

Leur désir de s’opposer au système ne suffit pas à leur donner une raison de vivre ou une identité, elle est aussi vacillante qu’une ombre projetée par une flamme. Leurs pointes de colères retombent platement sur le sol, et font place à une mélancolie. Un couple tente de rebâtir son amour et le groupe prend soudain un nouvel élan : désormais, ils sont un chœur qui dit le même message.

La scénographie est aussi conceptuelle et abstraite que le texte. Les évolutions presque insensibles de la situation sont redoublées par des déplacements dont on ne saisit pas le sens. Les passages au noir, les flux d’images qui se superposent à la scène et l’important fond sonore sont les seuls éléments qui rythment véritablement cet étrange spectacle. Parfois, des portes s’entrouvrent, des pans glissent et laissent entrevoir une lumière, mais blanche, muette.

Peut-être que le sens n’est pas à chercher, qu’il faut accepter de se laisser balloter et recevoir de temps à autres des paroles qui résonnent. Peut-être aussi s’agit-il d’évoquer sans imposer. Quoiqu’il en soit, on se sent aussi impuissants que ces quatre personnages qui se dépensent sans réussir à agir, impuissants à comprendre et à partager comme on le souhaiterait.

 

 

F.

 

 

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