« Mille et une nuits » par Louise Moaty au Festival baroque de Pontoise

Dans le cadre du Festival de Pontoise, une soirée un peu particulière a été programmée au Centre Culturel de Jouy-le-Moutier. Le projet de Louise Moaty était de faire voyager ses spectateurs dans les contrées des 1001 nuits pendant quatre heures de spectacle avec entracte. Seule comédienne sur scène, elle est accompagnée de quatre musiciens et de nombreuses bougies.

La veillée commence donc avec l’histoire de Schéhérazade et de Schahriar. La célèbre conteuse s’emploie à mettre fin à la cruauté du sultan qui, déçu par l’infidélité de son épouse, met à mort chaque matin une femme qu’il a épousée pour la nuit. La célèbre héroïne se sert de sa mémoire extraordinaire et de la force de la parole pour repousser pendant mille et une nuits la sentence qui pèse sur elle chaque matin.

Le spectacle a beau s’inscrire dans la durée, seules trois nuits nous sont contées, entrecoupées d’entractes destinés à laisser le public se sustenter et à remplacer les bougies du plateau. Chacun des contes choisis est très singulier, ce qui donne un aperçu de la variété de l’œuvre, traduite et importée au début du XVIIIème en France par Antoine Galland.

La première partie, après avoir introduit Schéhérazade et Schahriar, fait appel au principe bien connu des récits emboîtés. Mieux vaut ne pas perdre le fil pour s’y retrouver entre les personnages et les narrateurs et voir la fin renouer avec le début. Le second conte, plus simple et plus amusant incite à revenir prendre sa place pour la troisième partie du spectacle. Ce dernier conte accompagne ses multiples détails et détours d’un plus grand nombre d’accessoires jusque là gardés dans l’ombre.

La performance est pour le moins ambitieuse. Malgré la très discrète connivence entre la comédienne et les musiciens, Louise Moaty endosse à elle seule de nombreux rôles. En plus de tous les personnages à qui elle donne voix, elle chante et danse pour rythmer son récit. Enfin, c’est aussi elle qui est en charge d’orienter les lumières vers son visage pour lui donner des tonalités différentes.

Son ingéniosité est de s’aider d’un drap blanc pour figurer avec grâce de nombreux éléments. Au début filet de pêche, il est à plusieurs reprises voile de jeune femme, mais aussi coiffe de Calife, nourrisson et tenue de guerrier. Cet artifice permet de diversifier ses postures et ses déplacements et de l’accompagner dans sa performance.

On l’aura compris, la comédienne se dépense sans compter. Et malgré cela, sa déclamation en ancien Français qui fait chanter le texte et lui donne une touche d’exotisme, reste précise et sans fautes. Les pièces de musiques qui tantôt miment le propos tantôt servent d’intermède, interprétées par l’ensemble La Rêveuse, sont quant à elles magnifiques. L’ambiance est austère, mais le voyage certain.

On regrette une exploitation pleine de l’espace un peu tardive et des déplacements parfois injustifiés, mais on salue le projet pour son raffinement et son esthétique séduisante.

F.

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