L’école du Grand Meaulnes à Epineuil le Fleuriel

Rien de mieux qu’un temps de septembre pour se plonger dans l’ambiance merveilleusement reconstituée du Grand Meaulnes. Dans le village d’Epineuil le Fleuriel la maison des Fournier, l’école et la mairie sont restées inchangés. La visite mêle, comme l’auteur l’avait fait, mémoire et imagination.

L’audiophone sur les oreilles, le parcours commence dans la cour, à la fois cour de la maison et cour de récréation. Sous le préau à taille d’enfant, se trouvent un banc et une capeline encore pendue. La voix nous raconte que les Fournier sont venus habiter là quand le père d’Henri, futur Alain, fut nommé directeur de l’école.

Attenante à celle-ci, la maison des Fournier donne l’impression qu’elle a été laissée en l’état depuis leur départ. On pousse nous-mêmes les portes qui ouvrent sur la cuisine, la salle à manger ou le salon rouge. Aux informations historiques sur la famille d’Henri Fournier s’ajoutent ses souvenirs personnels, puisés dans Le Grand Meaulnes.

On apprend ainsi que la sœur d’Henri, Isabelle, a épousé le meilleur ami de son frère, rencontré à Lakanal, Jacques Rivière. C’est au grenier que le parcours scolaire et littéraire de l’auteur est retracé. Mais avant cela, la mansarde et le grand grenier sont l’occasion de citer de nouveaux passages de l’œuvre unique de Fournier.

Cartes géographiques, linges tendus d’un bout à l’autre de la pièce, jeu de croquet, livres de Français ou de Sciences naturelles, ce grand capharnaüm nous offre un très beau témoignage de cette école de la Troisième République. Cela annonce les deux classes du rez-de-chaussée.

La première, celle des plus grands préparés au certificat d’études, est mitoyenne à la cuisine. Les pupitres, quoique rangés, portent encore l’âme de leurs élèves en laissant voir des cahiers ouverts sur des dictées, des problèmes de mathématiques ardus ou des figures géométriques. Le tableau noir avec sa leçon de moral y fait face et tous les objets sont là pour reconstituer la présence du professeur.

Pas de barrières qui nous coupent avec cet univers : on peut s’asseoir sur les bancs, tourner les pages des cahiers, imaginer comment les enfants rêvassaient en regardant à travers les fenêtres ou en se perdant dans l’observation des affiches pédagogiques sur le sucre ou les poissons marins.

La classe d’à côté reflète la même ambiance. C’est celle des plus petits, pris en charge par la mère d’Henri Fournier, une des premières femmes institutrices dans une école de garçons. La mairie qui se trouve juste derrière rappelle le lien étroit entre école et république et montre l’enjeu que pouvait représenter un tel poste.

La visite charme et allie avec grâce la vie d’Alain Fournier, mort à la guerre, et son œuvre. L’envie saisit le visiteur de reprendre son édition vieillie du Grand Meaulnes et de refaire le parcours en l’étendant à l’ensemble du village.

F.

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