Au Web ce soir – « Ursule 1.1 » au Théâtre de Cornouaille

Assister à un spectacle en direct depuis de votre salon, chaudement installé, c’est possible ! Benjamin Lazar, Geoffroy et Morgan Jourdain, Claire Lefilliâtre, le chœur Opus 104 et le Pôle Voix de la Maison pour Tous, ont exploré le 29 avril au soir, au théâtre de Cornouaille, une nouvelle forme de représentation.

L’équipe a donné rendez-vous aux internautes à 21h, devant leur écran, afin de vivre une expérience inédite. Plus de transports, plus de frais, plus de problèmes de jauge ou de placement : le spectacle est offert aux amateurs, via internet ; s’y joignent les fidèles et les curieux.

L’histoire, comme le principe, est d’apparence simple. Face à l’œil immobile de la caméra, Ursule, autrement dit Claire Lefilliâtre et sa voix inoubliable, évoque la difficulté de porter un tel nom et retrace l’histoire de sa sainte patronne.

Dans un costume peu flatteur, à la hauteur de celui que portait Benjamin Lazar dans « La, la, la – Opéra en chansons », elle commence par lire un extrait du fameux roman de Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, qui introduit d’emblée la problématique identitaire et le déterminisme lié aux prénoms. Dans sa lignée directe, Diderot attribue au héros de Jacques le Fataliste le même type de pensée.

 

Ainsi, suite à ses déboires à l’école, Ursule décide de rappeler l’histoire tragique de Saint Ursule et de redorer par là son blason. Les étapes du spectacle sont rythmées par des intermèdes musicaux qui amplifient les sentiments exprimés, grâce aux compositions de Morgan Jourdain, entre variété et musique savante. L’alliance de la parole et de la musique extériorise l’émotion et la rend palpable.

Les décors et la mise en scène, dont les mots d’ordre sont la simplicité et le refus de l’artifice, mettent en valeur ces chants, dont l’un des thèmes principaux est inspiré du « Befiehl du deine Wege » de Bach. Certaines scènes, par leur esthétique, évoquent sans aucun doute l’œuvre atypique de Rohmer, « Perceval le Gallois ».

Prenant le parti d’avoir une caméra fixe, ce sont les comédiens et chanteurs qui, par leur prouesse, doivent créer l’atmosphère. Claire Lefilliâtre se déplace sans peine et réussit à montrer aussi bien le mal être, avec en premier plan des mains torturées, que la noblesse du personnage qu’elle incarne dans un second temps.

La technique de captation, autant que la diffusion du spectacle doivent interpeler. Serait-ce le théâtre de demain que l’on a vu là ? Qu’en penser si tel est le cas ? Certes, l’ambiance exceptionnelle d’une soirée au théâtre est quelque peu perdue, on a plus facilement tendance à répondre au téléphone ou à faire « pause ». Une nouvelle éducation du spectateur est requise, et toute cette équipe nous y prépare.

 

F.

 

Si vous avez raté la séance, vous pouvez vous rattraper là !

http://www.theatre-cornouaille.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=264&Itemid=59

 

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