A l’occasion de l’année franco-russe, le Louvre consacre une riche exposition à l’art sacré de Russie de la fin du Xème siècle au règne de Pierre Legrand. Au-delà d’une commune exposition, c’est un recueil de diversité exceptionnel qui réunit pour la première fois des œuvres restées jusque là dans leur pays d’origine.
Suivant un parcours chronologique, les œuvres sont présentées dans leurs liens étroits avec les étapes historiques du pays, depuis la Rous’ kiévienne à l’ouverture à l’Occident vers la fin du XVIIème. Aux premiers temps, la conversion des Rous se fait sous l’influence de Byzance et les premiers signes d’une religion se découvrent dans l’art mortuaire.
L’influence byzantine donne à ce peuple une religion et l’on voit apparaître les premiers martyrs, Saint-Boris et Saint-Gleb, dont les figures sont l’emblème de l’exposition. Les premières églises surgissent, elles aussi d’influence byzantine. La fameuse Vierge de Vladimir, dont on peut ici admirer une réplique, couronne cette époque et annonce l’art caractéristique de l’icône.
Les invasions Mongols et la chute des plus grandes capitales annoncent une nouvelle ère, dont l’influence vient cette fois-ci de l’Est. L’essentiel a désormais lieu dans la ville de Novgorod, peu atteinte. C’est là qu’intervient Alexandre Nevski, celui qui mettra fin aux conquêtes mongoles, et dont le cadet contribuera à la montée en puissance de Moscou.
Les liens avec Byzance sont renoués, et l’art s’enrichit de nouvelles techniques. Avec la Russie réunifiée, on voit arriver une nouvelle forme de pouvoir autocratique, concentrée autour du tsar. La chute de Constantinople finit de donner au pays son autonomie, jusque dans la religion.
La création artistique, concentrée au Kremlin de Moscou, s’essaie aux iconostases, forme de panneaux adaptés à la taille des Eglise, qui devient le support privilégié des représentations. Avec la mort d’Ivan le Terrible, vient un « temps de troubles ». Paradoxalement, l’art s’enrichit, donne toute son importance au détail, et reçoit une influence baroque venue de l’Ouest.
La Russie finit de s’ouvrir à l’Europe avec Pierre le Grand, dont témoigne le portrait, d’apparence familière.
Bien que la dimension religieuse et l’histoire complexe qui sert de toile à l’exposition, puissent décourager, l’exposition s’efforce d’être la plus pédagogique possible. Il est vrai que l’époque est lointaine, les noms peu connus et les rapprochements pas toujours évidents, mais, sans prosélytisme, la religion transcende ces écarts. Les représentations des saints, de la Vierge, du Christ en croix, ce sont autant de langages partagés malgré les variantes de l’Orthodoxie.
C’est une exposition à voir d’abord parce que les œuvres que l’on nous présente sont pour la première fois venues à nous. Ensuite, pour l’éclairage nouveau qu’il apporte sur ce pays qui nous semble culturellement lointain. Et enfin pour le goût des enluminures, des travaux emperlés, des couleurs vives.
F.
vivement le 10 mai que j’y aille … avec cette critique très positive en tête ! merci !
Pourquoi pas ! Mais ça dépend de la longueur de la file d’attente 🙂
Merci à vous La Parafe !
Je vous ai découvert sur Twitter … Séduite de votre idée de devenir , « quand vous serez grande », une encyclopédie … Et pas que ça ! C’est bien, vous êtes sur le bon chemin … Apprentissage, Raison et Savoir !…
J’adore la Russie, les icônes byzantines … Les traditions orthodoxes … J’ai vécu en Grèce durant plusieurs années et je suis d’origine hongroise … C’est dire si j’ai de quoi développer le goût de cet art et de ce pays qu’ici vous venez nous présenter…
Merci de cette belle critique qui donne l’envie d’y aller voir plus loin !
A une autre fois peut-être ?
Mandragaure
J’ai envie d’ y aller. Merci.
j’y suis allée avec le groupe de visites (et avec AD) et j’étais ravie! Belle expo! Et tes commentaires sont complémentaires à notre visite guidée. Ils m’ont donné le lien historique un peu oublié à la fin pour la conférencière. A VOIR ABSOLUMENT!!!
Bravo pour cette belle synthèse d’une exposition totalement exceptionnelle.
Nous l’avons visitée dans des conditions parfaites car sans trop de monde et avec une conférencière du Louvre tout à fait intéressante (bien que non spécialiste de l’art russe, dit-elle).
Merci à F. pour son blog ou site « la parafe ».
Dans un genre différent, je vous propose d’aller sur le site de Poezibao (site de Florence Trocmé, ma soeur) qui peut vous interésser).
Bravo et merci à toutes et à tous.
Evelyne
Je reviens de cette expo ce soir et je partage votre point de vue sur le côté exceptionnel des oeuvres exposées et que nous avons la grande chance d’avoir pu voir. Cet art religieux de l’icône est un bonheur à contempler et ouvre à la méditation religieuse. Quant aux objets précieux se sont des pièces inoubliables de raffinement et de délicatesse. Ces artisans étaient en fait des artistes. Votre article est parfait car il me paraît bien être le reflet de ce que l’on a voulu nous montrer et nous démontrer. Bravo donc pour cette bonne synthèse ! Marie-Agnès de Labarre
Je confirme, Flo, les commentaires d’Adriana, Evelyne et Marie-Agnès. Exposition d’une richesse inouïe qui est un véritable enchantement et dont tu es une merveilleuse ambassadrice. Clairon