Étiquette : Sharif Andoura

« Pétrole » de Sylvain Creuzevault, d’après Pasolini, au Théâtre de l’Odéon – plongée dans les méandres d’un chantier romanesque tentaculaire

Après Dostoïevski, après Peter Weiss et son envers Edelweiss, Sylvain Creuzevault inaugure un nouveau cycle théâtral sur Pasolini. En plus d’études proposées avec les élèves du CNSAD autour de quatre œuvres de l’artiste italien et une Fabrique Pasolini qui compile plusieurs types de textes et leurs commentaires, il s’est engagé dans l’adaptation d’un roman inachevé et publié et de manière posthume : Pétrole. Avec ses précédents spectacles, le metteur en scène s’est rendu maître dans l’art de rendre sensibles et intelligibles des matériaux d’une densité et d’une complexité incroyables. Ce nouveau spectacle le démontre une nouvelle fois, à ceci près que Creuzevault ne parvient pas à reconduire sur scène la quête formelle engagée par Pasolini dans son chantier romanesque.
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« La Mouette » de Stéphane Braunschweig au Théâtre de l’Odéon – à l’écoute de la jeunesse, ses inquiétudes, ses ambitions, ses espoirs

Pour sa dernière création en tant que directeur du Théâtre de l’Odéon, Stéphane Braunschweig a décidé de revenir à La Mouette qu’il a montée pour la première fois il y a plus de vingt ans, lorsqu’il dirigeait le Théâtre National de Strasbourg. Le metteur en scène a voulu revenir à ce texte pour en proposer une lecture imprégnée des questions soulevées par notre présent, qui n’est pas le même qu’il y a vingt ans, démontrant, s’il était encore nécessaire, que les classiques sont même inépuisables à l’échelle de la vie d’un artiste. Malgré le contexte particulier que constitue son départ de l’Odéon, ce spectacle n’a rien de testamentaire. Bien au contraire, Braunschweig agrège à ses fidèles de longue date de nouvelles recrues dont il fait puissamment retentir les voix face à celles de leurs aînés pour souligner la pulsion de vie des personnages qu’elles incarnent, leurs espoirs presque indestructibles dans le monde pourtant apocalyptique qu'ils ont reçu en héritage, monde figuré par une scénographie magnifique.
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« Avant la terreur » de Vincent Macaigne à la MC93 – artiste d’une seule œuvre ?

Cette rentrée marque le retour au théâtre très attendu de Vincent Macaigne, après six ans – malgré l’impression mitigée qu’avait laissé Je suis un pays. L’hypothèse alors formulée était que manquait à ce spectacle une grande œuvre avec laquelle l’écriture du metteur en scène dialoguerait, comme dans ses premières créations. Notre prière semble avoir été entendue : après Au moins j’aurais laissé un beau cadavre, d’après Hamlet, Macaigne revient à Shakespeare, en choisissant cette fois Richard III. Comme à son habitude, il modifie le titre de l’œuvre qui l’inspire pour souligner le geste d’adaptation-appropriation qui est le sien, et nomme son spectacle « Avant la terreur ». Il réunit ses fidèles compagnons de route, en agrège de nouveaux et se voit accueilli dans une structure qui lui permet de voir grand : la MC93. Tout semblait favorable à une nouvelle gifle macaignienne. La déception est hélas à la hauteur des attentes, qui étaient immenses.
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