Étiquette : métaphore

« Chevaleresses » de Nolwenn Le Doth au Théâtre des Carmes – les yeux grand grand ouverts

Il faut le bouche-à-oreille d’Avignon et la convergence unanime de plusieurs avis pour convaincre d’aller voir un seul-en-scène autobiographique qui aborde un thème grave – l’inceste – dès 10 heures du matin au Théâtre des Carmes. Il peut arriver qu’une telle démarche donne l’impression de prendre en otage en convoquant uniquement le sentiment et en congédiant tout appréciation d’ordre esthétique. Il paraîtrait que ce n’est pas le cas de Chevaleresses, de la compagnie Francine et Joséphine, que le consensus ne repose pas uniquement sur le silence que brise Nolwenn Le Doth à partir de sa propre histoire. Qu’il y a bien un geste d’ordre artistique qui explique que tout le monde s’accorde à dire que le spectacle est à voir. Le bouche-à-oreille, qui parfois entraîne des déceptions à force de gonfler les attentes, s’avère d’une justesse renversante : il est absolument nécessaire de poursuivre le mouvement dont il entoure ce spectacle, magnifique et bouleversant.
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« Mangez-le si vous voulez » d’après Jean Teulé, mis en scène par Jean-Christophe Dollé – Théâtre cannibale

Le cannibalisme intrigue, et tout particulièrement le théâtre visiblement. En avril dernier, les Bâtards dorés présentaient Méduse au T2G, d’après le Naufrage de la médusequi a inspiré Géricault, un témoignage de rescapés qui relate comment les survivants d’un naufrage ont organisé leur survie à bord d’un radeau, les rapports de force qui se sont mis en place, les arrangements avec la faim et la soif, la folie qu’elles déclenchent et la gestion des morts qu’elles entraînent. La reconstitution de cette situation extrême inspirait au collectif une esthétique trash qui envahissait progressivement la cour d’assise reconstituée, où les derniers survivants étaient tenus de s’expliquer de leurs crimes barbares avant d’être jugés. Dans Mangez-le si vous voulez, Jean-Christophe Dollé raconte quant à lui une histoire de lynchage qui se termine là aussi en banquet cannibale. Il reconstitue le destin tragique d’Alain de Monéys, raconté par Jean Teulé dans le roman du même titre, qui lui-même s’inspire d’un fait divers survenu en 1870 dans un village du Périgord.
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