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« Les Chroniques » d’Éric Charon au TGP – « qui trop embrasse mal étreint »

Au Théâtre Gérard-Philipe est créé un spectacle d’Éric Charon, membre du collectif In Vitro et acteur fidèle de Julie Deliquet qui dirige les lieux. Les Chroniques est l’adaptation non pas d’un mais deux romans de Zola, L’Assommoir et La Bête humaine. Ces œuvres sont liées l’une à l’autre par le personnage de Jacques Lantier, héros de la seconde et fils de Gervaise, héroïne de la première. L’attelage laisse donc présager une reconduction sur scène de la réflexion menée par Zola sur l’hérédité. Ce projet ambitieux a de grandes qualités, mais « qui trop embrasse mal étreint », proverbe qui ne s’applique pas seulement au meurtrier qu’est Jacques Lantier.
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« Les Somnambules » de Hermann Broch – la sécurité de l’uniforme à l’époque laïque

Sur le chapitre de l’uniforme, Bertrand pourrait s’exprimer à peu près ainsi. Il fut un temps où l’Eglise seule trônait en juge au-dessus de l’homme et où chacun se savait pécheur. Aujourd’hui il est de nécessité que le pécheur juge le pécheur afin d’empêcher que toutes les valeurs sombrent dans l’anarchie, et, au lieu de pleurer avec lui, le frère est dans l’obligation de dire à son frère : « Tu as mal agi. » Et si jadis seul l’habit sacerdotal, par son inhumanité, se distinguait des autres, si même sous l’uniforme et la toge le civil se trahissait, il fallut, quand vint à se perdre la grande intolérance de la foi, que la toge mondaine remplaçât la toge céleste, que la société se scindât en hiérarchies et en uniformes et élevât ceux-ci à l’absolu au lieu et place de la foi. Et puisque c’est toujours romantisme que d’élever le terrestre à l’absolu, l’austère et véritable romantisme de notre époque est celui de l’uniforme, semblant impliquer l’existence d’une idée supraterrestre et supratemporelle de l’uniforme, idée qui sans exister possède une telle intensité qu’elle s’empare de l’homme avec beaucoup plus de force que ne le pourrait une quelconque vocation terrestre, idée inexistante et pourtant si intense qu’elle fait du porteur d’uniforme un possédé de l’uniforme, mais jamais un homme de métier au sens civil du mot, peut-être précisément parce que l’homme en uniforme est nourri et gonflé de la conscience de réaliser le propre style de vie de son époque et de réaliser également ainsi la sécurité de sa propre vie.
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