Avec cette exposition, l’Institut du monde arabe retrace l’histoire de ce train mythique qui a révolutionné le rapport de l’Europe à l’Orient et qui a nourri l’imaginaire des artistes et des voyageurs, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le parcours est une véritable immersion qui fait voyager en rêve, dans l’espace et le temps.
La visite commence sur le parvis de l’IMA, où se trouvent une grande locomotive noire et trois longues voitures de train. Avant d’entrer dans le musée, le public est invité à embarquer dans ces wagons, redécorés de façon à leur rendre vie. Dans le premier, ce sont des tables entourées de larges fauteuils et jonchées de livres, de jeux de carte, de verres d’alcool ou de cigarettes, tandis que sont pendus des vêtements d’époque aux crochets. Puis viennent les wagons-lits, avec le mobilier et les ustensiles de l’époque, avant le wagon-restaurant et son bar, signés Lalique. L’ensemble respire le luxe passé et le mystère, nourri par les imaginaires d’Agatha Christie, Mata Hari ou James Bond, largement représentés dans ces mises en scène.
Après la pratique, l’Histoire et la théorie, dans deux salles de l’IMA. Les documents foisonnent pour retracer la création du train par Georges Nagelmackers, soucieux de relier Londres et Istanbul dans les conditions les plus confortables possibles. La Compagnie International des Wagons-Lits prend alors son essor et fait appel à de nombreux artistes contemporains pour l’ornementation art déco des cabines et pour la création d’un mobilier estampillé à ses initiales.
Très rapidement devenu source de fantasmes pour tous, ce train nourrit le goût pour l’Orient qui est en vogue à l’époque, depuis Ingres jusqu’à Sarah Bernhard, Pierre Loti ou Agatha Christie. Celui-ci est aussi lié au développement considérable du tourisme, ce dont témoignent des affiches promotionnelles ou la présentation des premiers guides de voyage. L’Orient s’ouvre ainsi à d’autres que les hommes politiques, les journalistes, les diplomates, les espions, ou les archéologues. De simples voyageurs, pour peu qu’ils soient fortunés, peuvent entreprendre le grand voyage jusqu’à l’autre monde.
La seconde salle de l’exposition met davantage l’accent sur la destination, après le moyen de transport. Alors que l’Orient Express devient le symbole de la révolution industrielle européenne, l’empire ottoman est sur le déclin, jusqu’à se réduire progressivement à la Turquie. Istanbul n’est néanmoins pas la seule destination du train, bientôt concurrencée par Le Caire, dont les vestiges archéologiques attirent de nombreux touristes venus d’Europe.
Par ses nombreux objets, ses documents variés et ses supports numériques, l’exposition se veut extrêmement accessible. Les données historiques sont accompagnées d’anecdotes qui suscitent la curiosité et l’amusement, et le recours aux références issues de la culture commune entendent mettre en place une familiarité, un confort semblable à celui recherché par Georges Nagelmackers pour ses clients.
Le voyage a moins pour effet de nourrir l’esprit que l’imagination. Les écrans qui tapissent les murs de la première salle et les lumières chaudes des documents sous vitrine, en contraste avec la lumière tamisée, donnent l’impression d’un mouvement presque maritime à la déambulation libre qui est proposée dans ces espaces. La dimension mythique qui entoure ce train, loin d’être dissipée par cette exposition, est encore accrue, et l’imaginaire enrichi.
F.
Pour en savoir plus sur l’exposition, rendez-vous sur le site de l’IMA.
Super voyage et superbe train… un rêve ! Pour aller plus loin comme ils disent… J’ai lu cet article un peu plus récent : ça peut intéresser : http://luxe-tourisme.com/2015/01/15/orient-express-le-meilleur-wagon-bar-deurope/#comment-11