« Smatch [1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré » de Dominque Roodthooft par la Compagnie le Corridor

Smatch est présenté par l’un des comédiennes sur scène comme une conférence-performance, qui pose la question de notre perception de l’animal. Philosophes, scientifiques, éthologues et agriculteurs sont invoqués par trois artistes et un chien sur scène. Le spectacle est correctement désigné et plutôt intéressant, même si l’on aurait souhaité un peu plus de théâtre et de passion.

SmatchSur le plateau du Théâtre des Doms est reconstitué un fouillis de laboratoire : une table, un aquarium, des vidéoprojecteurs et des écrans, des plantes, des livres, et un tas de petits détails en tous genres. La femme qui va mener cette représentation, Dominique Roodthooft, commence par réfléchir sur une carte de la Belgique, dont les codes couleurs l’intrigue. Avec son compère – le troisième étant essentiellement dévolu à la part technique du spectacle – ils s’interrogent un moment et cela se termine en queue… de cochon.

Avec les singes, les vaches, les rats et les chevaux, ils sont les cobayes privilégiés des scientifiques qui cherchent à définir l’animal. Isabelle Stengers, philosophe, est convoquée à intervalles réguliers grâce à la vidéo, et soulève des questions à partir des différents constats qu’elle fait à ce sujet. Elle souligne ainsi que l’animal est parlé, à la voix passive, qu’il sert régulièrement à définir l’homme en négatif, sur le mode de la comparaison grâce à la locution « au contraire de », et qu’il y a une différence radicale entre le succès et la réussite. D’elle vient le sous-titre du spectacle : « si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré ».

Ses fréquentes interventions, à partir de mots-clés, charpentent le spectacle. Se font également entendre par l’entremise de la vidéo le champion d’imitation du cri du cochon, des agriculteurs et un spécialiste des dunes, qui étudie leurs mouvements et leur musique. Finalement, ce sont eux qui nous parlent le plus et nous apprennent quelque chose, plutôt que les présents sur scène, dans l’ensemble réduits au rang de passeurs.

Smatch 1Sur la scène, Dominique Roodthooft, notre interlocutrice principale, se sert d’ouvrages pour nous raconter l’histoire de Hans, le cheval qui savait compter, du perroquet qui a appris à parler et des rats qui ont réussi une expérience parce qu’ils avaient été annoncés meilleurs que d’autres. Avec son complice, Messieurs Delmotte, ils déclinent à mi-voix les nombreuses expressions langagières invoquant un animal, et nous laissent en tirer la conclusion qui nous plaît.

Les performances sont plutôt rares, faites de dessin en live, d’une dégustation de jambon, d’un éclairage de poissons, de cris d’oiseaux et de tempête de sable. La réflexion est vivante mais manque d’enthousiasme et de gaieté. Le sujet – savoir ce que la représentation de l’animal dit de l’homme – n’est pas grave au point de ne pas sourire, et la recherche paraît bien peu attirante ainsi présentée.

F. pour Le Bruit du Off

Pour en savoir plus sur « Smatch », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.

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