La maison d’Aragon et Elsa Triolet à Saint-Arnoult en Yvelines

« Le temps s’est arrêté » se plaît-on à dire dans la maison d’Aragon et d’Elsa Triolet à Saint-Arnoult. En effet, après la mort de sa muse, Aragon est très peu retourné au Moulin de Villeneuve et l’a légué en l’état à sa propre mort.

Ses souhaits ont aussi été respectés, à savoir celui d’en faire un lieu d’activité artistique – des artistes sont exposés dans le parc et dans une pièce du rez-de-chaussée –, et un lieu de recherche. Près de 30 000 livres sont ainsi rangés dans chaque recoin de la maison et conservés pour la plupart au grenier.

Avant de commencer la visite, un documentaire réalisé par Agnès Varda nous plonge dans l’univers des deux amants. La rencontre à partir de laquelle ils ne se sont plus quittés, un 6 novembre, nous est racontée et sera rappelée par de nombreux objets de la maison sur lesquels la date qui marquera un renouveau dans leur vie est inscrite.

Le parcours est aussi ponctué de cadeaux de leurs amis artistes tels que Picasso ou Fernand Léger. Dès la cuisine, ces marques de leurs contemporains personnalisent un espace qui aurait pu rester neutre. On perçoit là un des traits caractéristiques d’Elsa dont on nous répétera ce qu’elle préfère – le bleu, l’osier, le rossignol.

Aragon a voulu faire de cette maison celle d’Elsa avant de la quitter. Le portrait de la Russe trône donc derrière son bureau à lui, alors qu’il a décroché les siens de son bureau à elle. Sa seule présence à lui se lit à travers la photographie du couple sur la mezzanine.

Pour l’atteindre, il faut passer par le salon qui dévoile enfin l’origine du nom du lieu, le « Moulin de Villeneuve ». Au bout d’une longue table, une fenêtre ronde ouvre sur une chute d’eau dont le mouvement se poursuit sous la maison. La fantaisie pour le moins bruyante servait au poète, trop bavard au goût de ses invités, à les faire taire pour continuer à parler.

Des piles de livres mènent jusqu’au premier où l’on nous dévoile les « somnifères » d’Elsa, c’est-à-dire sa collection de romans policiers qu’elle gardait en secret. La chambre à coucher est elle aussi dite d’ « Elsa », pour son mobilier Russe, dont la présence est encore plus marquée que dans les autres salles.

Son bureau, enfin, fait face au bois aménagé en parc selon ses propres plans. Par la fenêtre, on peut voir le saule qui masque leur tombe commune. Une étagère datée du 6 novembre ramène une nouvelle fois au couple plus qu’à sa personne seule malgré les efforts du poète.

F.

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